Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
LES ORIGINES DE LA CONSTITUTION BELGE
De toutes les constitutions nées au cours du
XIXe siècle, les unes octroyées par des souverains
éclairés, les autres arrachées au. pouvoir par des
révolutions triomphantes ou longuement discutées
dans des assemblées électives, il n’en est guère qui
possèdent les caractères d’homogénéité et de per-
fection de la Constitution belge, qui répondent
autant qu’elle aux traditions historiques et aux
Philippe le Bon, duc de Bourgogne (Dessin de Charles Michel)
aspirations contemporaines des nations pour les-
quelles elles ont été élaborées.
On a dit parfois, en évoquant les luttes sou-
tenues au moyen âge par Flamands et Wallons
contre leurs princes, que le peuple belge avait
gardé de ses origines à la fois germaniques et cel-
tiques un esprit constitutionnel,' à tendances net-
tement modernes. Assertion exacte, à condition de
ne pas oublier que nos aïeux ne joignaient jamais
la notion d’égalité à celle de liberté; pour eux, ce
dernier mot représentait surtout le monopole,
l’avantage politique ou économique local, limité à
une classe, une corporation, souvent au détriment
de la province, de la cité voisine ou du métier simi-
laire. Il n’en est pas moins vrai que l’évolution
démocratique de nos provinces, due au grand déve-
loppement de nos cités: Bruges, Gand, Ypres,
Bruxelles et Liège, différa essentiellement de la
marche des grands Etats européens vers le despo-
tisme absolu. Tandis qu’au XVIe siècle l’Eglise se
réorganisait sur un plan de forte centralisation et
que les tyrans italiens régnaient dans leurs petits
Etats, conformément aux principes de Machiavel,
qu’au XVIIe siècle la raison d’Etat triomphait en
Espagne et s’incarnait en France dans la personne
de Louis XIV, l’Angleterre seule inaugurait, sous
Guillaume III, le régime parlementaire et la Bel-
gique restait pieusement attachée à ses institutions
individualistes médiévales.
La Belgique, simple expression géographique et
littéraire autrefois, se composa, jusqu’à la Révo-
lution française, de petits Etats autonomes. Placés,
durant le moyen âge, sous le sceptre de ducs, de
comtes et de seigneurs, vassaux, les uns de la Cou-
ronne de France, les autres du Saint-Empire
Romain Germanique, ils furent
centralisés sous le règne des ducs
de Bourgogne (XVe siècle). Par la
loi successorale de 1549, nommée
Pragmatique Sanction d’Augs-
bourg, Charles-Quint déclara in-
divisible le faisceau des XVII pro-
vinces des Pays-Bas, mais chacune
d’elles conserva son administra-
tion propre et ses lois particulières.
Tous les souverains de la Bel-
gique, Habsbourgs d’Espagne,
puis Habsbourgs d’Autriche, con-
tinuèrent à prêter ou à faire prêter
par leurs représentants, le ser-
ment -archaïque d’inauguration :
à Bruxelles, pour le duché de
Brabant; à Gand-, pour le comté
de Flandre; à Namur, à Luxem-
bourg, etc. En 1794, l’empereur
François II fut, le dernier, pro-
clamé duc de Brabant, de Lothier
et de Limbourg. On comprend
quelle importance extrême nos
pères attachaient à ces cérémonies
solennelles, durant lesquelles le
nouveau prince jurait de respec-
ter les lois et coutumes des pays
dont il prenait possession. De ces chartes ou
« heures » provinciales certaines eurent un carac-
tère particulièrement complet et démocratique,
telles les paix de Fexhe (1316) et des XXII (1343),
dans la principauté épiscopale de " Liège (1), tels
aussi les privilèges brabançons : la charte de Cor-
tenberg de J3ie, la Bulle d’Or impériale de I34g
et surtout la fameuse Joyeuse-Entrée (Blijde
inkomst) de i356, charte-type, octroyée par la
duchesse Jeanne et son époux Wenceslas de Luxem-
bourg.
Nul acte ne montre mieux l’étendue des restric-
tions imposées, déjà en ces temps éloignés, au
pouvoir théoriquement absolu des princes, par la
noblesse, le clergé et la démocratie urbaine. A côté
de stipulations moyenâgeuses, concernant la pro-
cédure pénale ou le droit de chasse, — tel cet article,
resté mystérieux, conférant à chaque Brabançon le
droit de posséder des chiens de garde « à pieds non
raccourcis », — nous trouvons énumérés les droits
publics les plus précieux : liberté individuelle,
inviolabilité du domicile et de la propriété, droit
de se servir de sa langue maternelle, défense au
(1) Ce petit Etat ecclésiastique scindait en deux fractions
les XVII provinces des Pays-Bas, mais n’en faisait pas
partie au point de vue politique.
prince d’apporter des entraves au commerce ou de
faire la guerre sans l’assentiment de la nation.
Protégés par le solide bouclier de leurs chartes,
nos fiers aïeux disposaient en outre, vis-à-vis de
leurs ducs et comtes, de l’arme redoutée des « par-
lements » ou Etats provinciaux. Issues des plaids
ou assemblées politiques et judiciaires des comtes
carolingiens, ces réunions, généralement com-
posées de représentants du clergé, de la noblesse et
des chefs-villes, se développèrent dès le XIIIe siècle
mais ne furent régulièrement organisées en Etats
que sous le régime bourguignon. Elles possédaient
le droit < ssentiel de voter les impôts et de con-
sentir les subsides; elles jouissaient en outre des
droits de pétition et de remontrance au sou-
verain.
Durant des siècles, l’organisation politique
interne des Pays-Bas, dont nous venons d’esquisser
les principaux caractères, se maintint presque sans
changement. Philippe le Bon, Charles le Témé-
raire, l’archiduc Maximilien d’Autriche, Charles-
Quint luttèrent successivement contre les grandes
cités du pays, leur arrachèrent, ainsi qu’aux
métiers, leurs privilèges les plus chers, mais ils
s’abstinrent, en général, de modifier les Constitu-
tions des provinces.
La révolution politico-religieuse du XVIe siècle
rompit l’ancien groupement des XVII provinces.
Au nord, les sept Etats calvinistes formèrent la
république des Provinees-Unies, appelée bientôt à
de hautes destinées.; au midi, les autres provinces
furent ramenées sous le sceptre de Philippe II.
Unis aux princes de la maison de Habsbourg en
un même élan de foi catholique, animés d’un
même amour de la tradition, les Pavs-Bas espa-
gnols traversèrent, au XVIIe siècle, une affreuse
période de guerres et de malheurs, sans toutefois
se départir de leur loyalisme envers la dynastie. Au
Charles-Quint (Buste de Conrad Meyt)
(Musée d’Archéologie, à Bruges)
XVIIIe siècle ils végétèrent sous le sceptre de la
maison d’Autriche, amoindris par les traités poli-
tiques, ruinés au point de vue économique, en
plein état de décadence sociale et morale.
Par une conséquence singulière — logique cepen-
dant — cette mentalité particulariste et conserva-