Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
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trice qui, autrefois, avait fait la force de nos aïeux,
devait, à la fin du XVIIIe siècle, leur porter préju-
dice. Alors que toute l’Europe aspirait à un avenir
meilleur, qu’en Amérique jaillissaient d’unsol vierge
des constitutions démocratiques, qu’en France le
mouvement intellectuel des Encyclopédistes servait
de prélude à la grande Révolution, les Pays-Bas
autrichiens, insoucieux de toute évolution, se cris-
tallisaient dans l’admiration stérile du passé et
restaient obstinément attachés à la lettre de leurs
chartes surannées. En 1789, tandis que le peuple
parisien marchait à l’assaut de la Bastille, la Bel-
gique se soulevait contre Joseph II, prince tolérant
et éclairé, mais réformateur malhabile, qui, après
de longs démêlés avec les-
de Brabant, avait osé
casser la Joyeuse-Entrée.
L’empereur ayant été
vaincu, la république aris-
tocratique et réaction-
naire des Etats Belgiques-
Unis, se discrédita bien-
tôt par ses dissensions
intestines et ses persécu-
tions dirigées contre une
minorité d’intellectuels
réformateurs, disciples de
l’avocat Vonck.
La Révolution française
supprima en Belgique,
comme dans la plupart
des pays de l’Europe, les
ordres privilégiés et les
corporations, et remplaça
les institutions de l’An-
cien Régime par la pro-
clamation des Droits de
1 Homme et le dogme de
la souveraineté nationale.
Ilnefaudraitpas croire,
cependant, que les avan-
tages incontestables de ce
bouleversement apparu-
rent immédiatement aux
yeux de nos pères. Ils se
défiaient de ces républi-
cains de 92 venant bous-
culer leurs traditions les
plus sacrées. Bientôt,d’ail-
leurs, leur éloignement
Pour ces étrangers devait
se transformer en haine.
A la suite des bataillons
dépenaillés de Dumou-
riezj une nuée de clubistes
Parisiens, véritables éner-
gumènes, s’était abattue
sur nos villes et y soule-
vait la lie de la populace ;
exaspérés déjà par les pil-
lages et les exactions de
commissaires prévarica-
Jeurs, les Belges furent frappés encore d’une
contribution de guerre de. 80,000,000 de florins,
en or.
Annexés à la France en 1795, il leur importait
peu que la Constitution du 5 fructidor an III fût
ourgeoise ou que celle du 22 frimaire an VIII
onnât naissance au despotisme démocratique;
Pour eux, la République, sous n’importe quelle
orme, restait l’ennemie qui les persécutait et qui
avait, notamment, introduit la conscription dans
euis campagnes. Cette mesure détestée provoqua
même, en 1798, dans la Campine, le Brabant et le
Uxembourg, le soulèvement héroïque et sanglant,
connu sous le nom de « Guerre des paysans ».
Le régime napoléonien fut moins sévère. Le
grand Empereur connaissait l’art de s’attacher les
hommes d’élite des pays conquis, en récompensant
largement leurs mérites. Le port d’Anvers fut
l’objet de ses soins particuliers; le Code civil
étendit ses bienfaits dans nos provinces. Mais pas
plus en Belgique que dans les autres pays conquis
Napoléon Ier ne fut sympathique ni populaire.
Autoritaire et cassant, il jetait dans une affliction
profonde les familles aristocratiques en envoyant
mourir leurs fils, comme lieutenants, en Espagne
ou en Russie, en mariant par ordre leurs filles
les mieux dotées à ses officiers favoris. L’herbe
croissait dans les rues de Bruxelles, capitale tombée
au rang de lointaine préfecture. Un poids immense
gai''
Em. .Wauters. — Le Serment de Marie de -Bourgogne
oppressait les intelligences indépendantes et les
esprits frondeurs.
Lorsqu’enfin le Maître tomba, les Belges chas-
sèrent rapidement le souvenir des vingt sombres
années de domination française qui avait, comme
un manteau trop lourd, pesé sur leurs épaules. En
1814 quelques partisans de la maison d’Autriche
parlèrent de rétablir la Joyeuse-Entrée; quelques
« vonckistes », réfugiés parisiens et anciens fonc-
tionnaires de l’Empire, rêvèrent d’une nouvelle
annexion à la France, mais la grande majorité des
Belges, suivant 1 exemple des hommes nouveaux,
des commerçants et des industriels, reconnut avec
empressement Guillaume d’Orange comme Prince
Souverain.
Placée sous le sceptre de la maison d’Orange-
Nassau, en guise « d’accroissement de territoire »,
et formant avec l’ancienne république des Pro-
vinces-Unies le royaume des Pays-Bas, la Belgique
fut dotée en i8i5 d’une nouvelle Constitution.
Concédée des 1814 aux Bataves, puis revisée par
une commission de Belges et de Hollandais dis-
tingués, en vue de son adaptation aux besoins des
deux peuples frères, la loi fondamentale de i8i5
réalisa le type de la charte octroyée. Très libérale,
si l’on considère qu’à cette époque dominait en
Europe l’esprit réactionnaire de la Sainte-Alliance,
elle n’en consacrait pas moins le principe du gou-
vernement personnel. La liberté d’opinion, celle de
conscience et des cultes
y étaient complètement
ies, mais le droit de réunion
restait soumis aux dispo-
sitions de l’article 291 du
Code pénal, de même que
la liberté de la presse se
trouvait annihilée de fait
par le décret draconien
du 20 avril i8i5. Les
Chambres, privées du
droit d’amendement, re-
çurent le nom suranné
de Staten-Generaal; les
Etats provinciaux furent
composés de membres des
trois Ordres : équestre,
des villes et des campa-
gnes; ils étaient élus d’a-
près un régime électoral
censitaire fort compliqué.
Enfin, ce léger retour vers
les traditions anciennes
fut encore souligné par la
nomination de conseils
communaux de régence.
Le règne du roi Guil-
laume Ier a été passionné-
ment discuté et apprécié
de façon fort diverse. Il
convient, en tout cas, de
rendre hommage à ses ta-
lents et à sa loyauté. Ce
prince s’efforça réelle-
ment, de toute son éner-
gie, d’opérer — œuvre
impossible — une « fu-
sion intime et complète »
entre deux peuples sépa-
rés par la religion, les
mœurs, les traditions et
tout un passé de luttes
économiques. Sous son
règne, le réveil matériel et
intellectuel de la nation
fut caractéristique etnotre
pays, tant, éprouvé, con-
nut enfin des jours meil-
leurs. Retracer ici toutes
les causes qui éloignèrent
les habitants des provinces du midi de leur prince
et les amenèrent à se séparer de la Hollande est
impossible. Nous bornant à l’étude des faits au
point de vue constitutionnel, il nous suffira de rap-
peler que l’opposition forma, dès le début, deux
groupements bien distincts. Les libéraux des
grandes villes : avocats, journalistes, étudiants,
bourgeois, lecteurs assidus du Courrier des ‘Pays-
-Bas, admiraient sans réserves la révolution de 1789
et réclamaient, par la voix des de Potter, des
Devaux, des Rogier, des Lebeau, des van de Weyer,
les grandes libertés sociales de presse, de réunion,
d’association, sans mesures restrictives.
Les catholiques : nobles, prêtres, gens des
campagnes, s’étaient d’abord, pendant cinq ou
six ans, opposés, à l’exemple du fougueux évêque