Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
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LOTERII£ S ET GROS L()T S
L’histoire de la loterie est à faire. Certains
auteurs font remonter les loteries aux Romains et
même aux Hébreux et aux Egyptiens.
Les données connues à cet égard sont trop
vagues pour qu’on s’y arrête.
Néron aurait organisé une loterie au profit du
Peuple.
Les billets, qu’on distribuait par millions pen-
dant les fêtes célébrées pour l’éternité de l’empire,
faisaient gagner des oiseaux rares, des tableaux,
des perles, des vaisseaux et même des iles.
Gagner une île serait souvent plus incommode
que de gagner une autruche ou une girafe.
Héliogabale introduisit l’usage des lots amu-
sants. A côté de lots de dix chevaux, de dix livres
d’or, il y avait des lots de dix grillons, de dix livres
de sable!
Un « zwanzeur », déjà!
La première description sérieuse de la loterie est
celle de Simon Maïolo, canoniste du XVIe siècle,
qui dit:
« La loterie est une espèce de contrat fréquem-
ment en usage en Europe; il peut être pratiqué
publiquement ou en particulier. Dans le premier
cas, le consentement du prince est nécessaire, dans
le second il est libre et ne T’observe qu’entre
un certain nombre d’amis ou de personnes
connues.
» Un homme, par exemple, a un cheval qu’il
estime 5o louis d’or; il le fait voir et propose de le
tirer au sort.
» Pour y parvenir, il partage cette somme en
plusieurs parties et fait un pareil nombre de
numéros par des billets qu’il débite à ceux qui en
veulent prendre au prix qu’il les aura taxés, et qui
composent tous ensemble celui du cheval. Ces
billets sont ensuite mêlés et tirés au sort. Le lot
du cheval tombé à l’un des contractants, les autres
n’ont rien. Il en est de même des bijoux, des
livres, des autres effets dont on veut se défaire par
voie du sort. »
Voilà la loterie bien définie.
En réalité cependant les loteries sont antérieures
a Simon Maïolo, puisque dès I52o le vice-chance-
lier de l’Université de Louvain, Jean Briard, écri-
vait une thèse à ce sujet.
La première loterie de bienfaisance fut orga-
nisée à Malines, le i3 septembre i5ig, en « faveur
de la grande Confrérie de Saint-Georges et de.
l’église de Saint-Pierre, pour subvenir aux grandes
affaires d’icelle confrérie ».
On sait quelle place tint plus tard la loterie. Un
temps elle fut la base d’un système de finances
régulier en Angleterre et à Venise. Le lotto existe
toujours en Italie et fait rentrer des dizaines de
millions dans les caisses de l’Etat.
Tout le monde connaît les loteries des villes
allemandes et les « pochettes » françaises.
En Belgique les loteries ne sont autorisées que
très exceptionnellement, pour des œuvres de bien-
faisance, d’utilité publique, les expositions, etc.
*
* *
Quel curieux chapitre à ajouter à « ce que l’on
voit et ce qu’on ne voit pas » à propos des exposi-
tions !
Le visiteur qui passe voit des jardins, des
palais, des chefs-d’œuvre, des amoncellements de
produits, des machines monstres qui l’étonnent et
l’hypnotisent; — mais ce qu’il ne voit pas, ce sont
les peines, les collaborations, les dépenses d’intel-
ligence et d'argent que ces féeries que sont les exhi-
bitions modernes ont coûtées. Le budget d’une
exposition se chiffre par millions.
La somme des dépenses approximativement
établie, on songe aux recettes. Il y a le produit de
la location des emplacements d’abord et les entrées
ensuite. L’expérience a prouvé que ces deux
sources de recettes sont rarement suffisantes pour
couvrir les épreuves.
C’est pourquoi à Paris, à Budapesth, à Milan,
ici, partout on est forcé d’avoir recours à la loterie.
On sait le succès qu’elle a obtenu chez nous —
et il faut s’en féliciter à divers points de vue.
La loterie assure l’équilibre budgétaire de la
World’s Fair, elle favorise l’industrie et le com-
merce par l’achat des lots, stimule l’artiste par la
commande d’œuvres d’art importantes.
*
* *
Les moralistes ont beaucoup disserté sur les
loteries; appelant les statisticiens à leur aide,ils ont
cru pouvoir démontrer que la plupart des personnes
qui prennent des billets de loterie ne se font pas
une juste idée de la faible chance qu’elles ont de
gagner un lot quelconque. Quant aux gros lots,
qui sont toujours en très petit nombre, la chance
qu’on a de les obtenir est à peu près nulle.
A la tombola de l’Exposition de Liège sept
millions de billets ont été émis au total. Le nombre
des lots de toute espèce et de toute valeur, répartis
entre les différents tirages, s’est élevé à i3,853.
Si l’on imprimait les numéros gagnants pour en
faire une brochure du format d’un roman ordi-
naire, sur six colonnes par page et une cinquan-
taine de numéros à la colonne, la liste tiendrait
dans les quarante-huit premières pages de ce
volume.
Que l’on compare la « galette » de deux milli-
mètres d’épaisseur, représentant la brochure des
numéros gagnants, à la pile de livres d’un mètre
de hauteur nécessaire pour contenir les numéros
non gagnants, et l’on pourra se faire une idée des
chances courues.
Quant aux lots de valeur, 5,ooo — 10,000 —
15,000 — 100,000 et 200,000 francs, au nombre de
quatre-vingt-quatre en tout, l’énumération des nu-
méros auxquels ils sont échus occuperait tout juste
quatorze lignes. Si bien qu’un humoriste a pu
écrire que la probabilité de se casser la jambe à la
première sortie est de beaucoup supérieure à celle
de se trouver dans le nombre des gagnants.
Et cependant, hâtons-nous de le dire, à la ques-
tion : faut-il condamner les tombolas ? tout le
monde répond négativement. Tout d’abord elles
font quelques heureux et les bénéfices qu’elles pro-
curent permettent de réaliser de grandes choses
sans qu’il en coûte un sou au Trésor public, ne
l’oublions pas. Ensuite le détenteur d’un billet de
loterie se croit facilement riche pendant quelques
jours — les jours précédant le tirage.
Il bâtit des châteaux en Espagne, il rêve de
voyages, il vit heureux, et quelques jours de bon-
heur ne sont pas à négliger par les temps qu
courent.
Mais après le tirage? dira-t-on. Voici : d’ordi-
naire on n’achète des billets de loterie que selon ses
moyens; on n’emploie à cela que le superflu. De
sorte que lorsque la chance ne nous sourit pas on
n’en éprouve aucun dommage sérieux et on a la
consolation de se dire que l’on a contribué au
succès d’une belle et grande œuvre commune.
Au surplus, ce sera bien le diable si l’Exposition
de 1910 ne vous rapporte pas directement ou
indirectement le prix du billet non sorti.