Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
JEF LAMBEAUX ET SON ŒUVRE
La Belgique vient de perdre un très grand
artiste : le sculpteur Jef Lambeaux. Jamais car-
rière ne fut mieux remplie. Les commencements
furent très difficiles ainsi que le raconte son bio-
graphe, M. De Taye.
Jef Lambeaux — Fontaine du Brabo a Anvers
Jef Lambeaux naquit à Anvers le 13 juil-
let i852. Wallon par son père et Flamand par sa
mère. Son père, un type original au profil
étrange, son père que l’on appelait à Anvers
« Napoléon », on ne sait trop pourquoi, mais
peut-être bien à cause de sa petite taille et de son
air sarcastique confirmé par une silhouette diabo-
lique dont Lambeaux semblait avoir hérité l'origi-
nalité, était le fils d’un simple chaudronnier
ambulant. Il exerçait lui-même la profession
d’étameur dans la modeste échoppe d’antiquaire
que tous les Anversois ont connue.
C’est à l’Académie royale des Beaux-Arts d’An-
vers, dirigée alors par Nicaise De Keyser, que
Jef Lambeaux fit sa première éducation artistique.
Dès l’âge de 10 ans il fréquente les cours élé-
mentaires, étudie le dessin au trait, la perspec-
tive, etc. En 1864 il reçoit les premières notions
de modelage. Deux ans plus tard nous le trouvons
dans l’enseignement moyen, où déjà il remporte
des distinctions dans les cours d’expression et
d’anatomie.
En 1871, à l’âge de 19 ans, alors que le jeune
artiste fréquentait les ateliers libres de sculpture
dirigés par Jean Geefs, il expose, comme éleve
de l’Académie, sa première œuvre notable : La
Guerre.
Et de 1871 à 1874, époque à laquelle il achève
une terre-cuite intitulée Bacchus, Lambeaux, tou-
jours à l’Académie, subit l’émulation des
premières batailles artistiques.
Après avoir échoué au grand concours dit
de Rome, pour la routine traditionnelle
duquel son tempérament nerveux et son esprit
d’indépendance n’étaient pas faits, le jeune
statuaire s’était lance dans le domaine de
la pratique, tout de suite, très vaillamment,
en téméraire décidé à oublier le plus vite
possible les saintes leçons académiques dont
on l’avait saturé jusqu’alors. Cependant, il ne
suffit pas toujours de vouloir, et les œuvres qui
jalonnent la premiere « maniere » de Lambeaux
ne sont certes pas celles qui marqueront dans
l’évolution générale de sa carriere. 11 nous suffiia
de dire ici que de 1875 à 1879 1 auteui du
Baiser n’a signé qu’une série de statuettes humo-
ristiques dans lesquelles 1 observation de 1 enfance
et le souci de vaincre les difficultés plastiques de
l’interprétation du costume moderne font les frais
principaux. Voici, d’une part, Une Boude d en-
fants, Dis bonjour ! le Bon numéro, le Bouffon,
le Bain forcé et la Main gauche. Voilà, d’autre
part, Un Accident et Sollicitude maternelle.
Ces œuvres n’avaient donné à l’artiste ni la
gloire qu’il rêvait ni le bien-
être ou l’aisance qu’il dési-
rait pour pouvoir se livrer
tout entier et sans cure du
pénible struggle for life à
la pratique1, de la sculpture..
Aussi cherchait-il depuis
longtemps à sortir du milieu
dans lequel il végétait.
Anvers n’était pas le mi-
lieu favorable à l’éclosion
des conceptions plastiques
qu’il rêvait.
Né évidemment
sous une bonne
étoile, les circon-
stances lui permi-
rent bientôt d’a-
bandonner la vieille cité flamande. Un jour, en
effet, il rencontre son ancien camarade Jan Van
Beers, qui déjà alors habitait Paris, et lui dit :
— Mon cher, votre art tourne dans un cercle
trop banal. Il faut vous secouer, voyager. Il faut
changer de milieu. Pourquoi n’allez-vous pas
à Paris ?
— Je ne demande pas mieux que de prendre ma
volée, répond Lambeaux, mais faute de res-
sources suffisantes je suis cloué sur place.
— Qu’à cela ne tienne, je me charge, si vous le
voulez, de faire disparaître cet obstacle.
La proposition fut naturellement acceptée avec
reconnaissance, avec empressement, et voilà bien-
tôt le statuaire dans la grande ville, installé chez
Van Beers même, dans l’atelier duquel il reste
plus d’une année; aidant l’auteur de la Sirène à
la préparation de Uses travaux, dessinant, cro-
quant, ébauchant même, mais oubliant pour
ainsi dire tout à fait non pas seulement ses
groupes humoristiques, mais la sculpture elle-
même !
Cependant Paris,, où Lambeaux avait espéré
trouver la réalisation de ses beaux rêves d’or, ne
Jef Lambeaux
lui donna pas préci-
sément ce qu’il avait
espéré. Après avoir,
pour des raisons
spéciales et d’ail-
leurs personnelles,
abandonné l’atelier
de son ancien com-
pagnon d’études, il
reprend la sculp-
ture, mais éprouve
beaucoup de peine,
malgré l’exécution
de quelques œuvres
intéressantes et no-
tamment le Men-
diant, la Charmeuse
de serpents, Y Aurore, le Pauvre aveugle (exposé à
Gand en 1880), à pourvoir aux besoins de son
existence dans cette cité éminemment dispen-
dieuse.
Malgré tout, cette période exerça une influence
très heureuse sur la personnalité du statuaire.
Maintenant il abandonne non seulement le
genre banal développé à Anvers, mais, tout en
restant fidèle aux principes de la modernité dans
l’art, il conçoit et exécute des œuvres sérieuses,
reflétant nettement la fougue de son tempérament
esthétique. Entre l'Aveugle, exécuté à Paiis,
et l'Accident, modelé à Anvers, il y a tout un
monde.
Après avoir donc mené une existence assez
étrange et promené mille fois ses désillusions du
Louvre àla Madeleine, Lambeaux, après trois ans
d’absence, revient en Belgique, non pas à Anvers,
dans sa ville natale, mais à Bruxelles, où 1 atti-
raient les illusions d’une entreprise dans laquelle il
espérait trouver, sinon de l’avenir, tout au moins
de sérieuses ressources.
Quelle était cette entreprise? Il s'agissait sim-
plement de modeler les personnages en cire des-
tinés au Musée Continental — aujourd hui oublié I
Avec l’aide de ses frères, Lambeaux espérait pou-
voir donner à cette entreprise, malheureusement
trop industrielle, un caractère tout nouveau, à la
fois artistique et historique. Il voulait remplacer
par des figures non pas conventionnelles, mais
exactes et sincères, les éternels mannequins, raides.