ForsideBøgerL'exposition De Paris 188…quatrième volumes réunis

L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis

År: 1889

Forlag: A La Librarie Illustree

Sted: Paris

Sider: 324

UDK: St.f. 061.4(100)Paris

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L’EXPOSITION DE PARIS 147 formes géométriques dans lesquelles l’art, enserré, étouffe, ils reprennent dans ce domaine, la liberté entière, absolue, que leurs institutions politiques et sociales leur dénient. Habiles à donner un corps aux rêves, àincarner dans des formes mul- tiples leur extravagante fantaisie, ils de- mandent ces formes au fantastique et au monstrueux, s’écartant volontairement de la nature, la dépassant et l’outrant en tous sens, tout en gardant le secret des contrastes que lui dicte son inépuisable coloris. Ce goût du fantastique, vous le, retrouvez, dans leurs jardins, dans leurs allées si- nueuses, dans leurs cascades en minia- ture où ils veulent que l’artiste leur représente des oiseaux aux ailes éployées volant dans la poussière d’eau, des poissons nageant dans l’air, soutenus par des arbres do bronze. Le goût des contrastes confinant parfois au teirible, vous le retrouvez dans lu décoration ar- chitecturale des palais et des pagodes, dans les dragons aux gueules béantes, dans les chimères aux yeux agrandis Jiar- diment sculptés en plein granit, dans ces frises de haut relief découpées au fronton des monuments, dans les tons crus, aveu- glants dont ils les colorent, passant, sans transition souvent, du monstrueux et de l’horrible aux fines dentelles de pierre, aux motifs délicats et exquis qui reposent l’œil fatigué d’une impossible orgie de formes et de couleurs. Pour eux, noire art est conventionnel et banal, enfermé dans des cadres qu’ils ont à tout jamais brisés, astreint à des règles qu’ils ont depuis longtemps répudiées. Pour eux, nos institutions politiques et so- ciales, sans stabilité, sont aussi sans force et sans prestige. Notre civilisation ne les a pas entaillés, et le formidable exode qui, sur tousles points du mon Æe, les pousse en niasses compactes, n’a raison ni de leurs préjugés invétérés ni do leurs séculaires traditions. La Chine se meut avec une majestueuse lenteur; les idées nouvelles ont peine, à pénétrer cette masse énorme qui comprend le quart du genre humain. Elle s’ébranle peu à peu, sans hâte; son nombre suffit pour surmonter les ob- stacles, on dirait qu’elle en a conscience. On dirait aussi, qu’au rebours de nos États européens, impatients clans le pré- sent parce qu’ils doutent de l’avenir, la Chine, confiante dans ses soixante siècles d’existence, s’estime à peine dans sa ma- turité, ne prévoit pas sa décadence et, pa- tiente parce qu’elle se croit éternelle, attend tout du temps qui a eu raison de tout, saut d’elle. C’est, eneffet, une chose étrange, ccttc civilisation asiatique déjà si vieille à l’époque où la Grèce naissante apportait à l’Europe ses premières notions d’art et de liberté, cet Empire plus ancien qu’aucun de ceux dont le nom est venu jusqu’à nous, qui seul demeure debout, avec ses lois, ses coutumes, ses traditions et ses annales, alors que le sable du désert recouvre les vieux empires égyptiens et que le sol de notre Europe est jonché des ruines de royaumes puissants, dé- truits et remplacés depuis des siècles. Quel rôle la Chine est-elle appelée à jouer dans les destinées do l’humanité? Détient-elle derrière ses frontières le se- cret do Fa venir? Son étonnante longévité cache-t-elle une irrémédiable décadence? S’écroulera-t-elle sous les coups de l’Eu- rope comme un vieux bâtiment qui s’ef- fondre; ou bien cos masses profondes viendront-elles un jour, comme les Bar- bares dans le inonde romain, submerger les royaumes éphémères do l’Europe, sous la conduite d'un nouveau Gengis- Khan? En renversant les barrières qui la sépa- raient du reste du monde, l’Angleterre, la France cl. les États-Unis ont ouvert à cette immense agglomération d’hommes une •porte que nul ne saurait refermer main- tenant. Ils étouffaient sur un sol trop étroit, insuffisant à los nourrir. D’épou- vantables famines cl des épidémies ter- ribles rétablissaient, par une mortalité effrayante, l’équilibre entre une race pro- lifique à l’excès et une production res- treinte. Leur horizon, borné à l’enceinte de la muraille impériale, s’est élargi. Au delà, ils ont entrevu la mer libre, les plaines fertiles du continent américain. Obéissant à l’instinct de la conservation, ils sont allés chercher hors de leurs fron- tières ce que le sol leur refusait : la sub- sistance quotidienne d’abord; puis, par l’épargne, l'accumulation des capitaux. Ceux que leur position appelle aux digni- tés del’État sont venus étudier en Europe cette civilisation dont la force leur avait révélé la supériorité matérielle. Ils en pénètrent les secrets, ils en examinent les rouages multiples, sans parti pris d’admiration ou de dénigrement, très convaincus de leur supériorité intellec- tuelle, mais aussi tout prêts à nous em- prunter ce qui peut leur servir. Essen- tiellement observateurs, ils comprennent vite et retiennent bien ; ils apprennent en se jouant et l’un d’eux nous disait : « Notre civilisation est si ancienne, nos ancêtres ont tan t accumulé de faits, de découvertes, d’observations, qu’en Europe il me semble moins apprendre ce que j’ignorais, que rapprendre ce que j’avais oublié. » Et, poiir nous, le jour est proche ou ce mystérieux Empire du Milieu, fermé pen- dant tant de siècles, ouvert depuis si peu d’années, n’aura plus de mystères. Sur les quais de notre Seine, il étale aujourd’hui les chefs-d’œuvre de son industrie sécu- laire, de son incompréhensible génie artistique : scs tissus merveilleux, ses ivoires travaillés à la loupe, ses grima- çantes idoles, ses potiches symboliques, ses laques d’un velouté profond, ses dra- gons et ses chimères enlacés, création d’un rêve asiatique. Devant ces auda- cieuses productions d’une imagination que la nôtre ne, peut suivre et comprendre dans ses évolutions fantastiques, devant ces énigmatiques et souriants fils du Ciel, aux yeux obliques et aux traits affinés, qui passent sans bruit dans leurs babou- ches feutrées et leurs épaisses tuniques do soie, ce que nous voyons et ce qui passe, c’est le lien mystérieux qui rattache le présent au passé. En remontant les an- nales de ce fils de la vieille Asie, nous dé- passons ces âges fabuleux dont les légen- des de notre antiquité n’ont gardé qu’un souvenir confus, cette antiquité qui lui semble dater d’hier, à laquelle il n’a rien emprunté, mais dont le merveilleux éclat ne fut peut-être qu’un reflet du génie de nos pères. C. de Vakigny. LA NAVIGATION SUR LA SEINE On a dit que les fleuves étaient des « routes qui marchent » ; à ce compte, la Seine est une marcheuse infatigable, car elle ne se repose ni jour ni nuit. En dehors des radeaux de bois flottés, des péniches chargées de charbon, de fûts, de pipes et de feuillettes, des bateaux qui apportent de l’Yonne les blés et les farines, des chalands bourrés de pommes normandes et des embar- cations qui fournissent à Paris un respectable contingent de vinaigres, d’huiles, de sucres, de trois-six, de cafés, de savons, de fourrages, de -poissons, de métaux, de cotons, de faïences, de meubles et de papiers, dont le poids dépasse annuellement 3 milliards de kilogrammes, — des bachots, lavandières, besognes, marnais, . loues, flûtes, margotats, yoles, canots, glis- soirs, etc... sillonnent la Seine sans trôve et sans relâche. L’Exposition Universelle de 1867 avait fait naître une nouvelle industrie fluviale, celle des Mouches, petits bateaux à vapeur rapides, déjà employés à Lyon et usités depuis longtemps à Londres. On eût pu croire que ce service serait tran- sitoire et simplement appelé à subvenir aux exigences d’une circonstance exceptionnelle ; elle est devenue définitive. Bientôt une seconde compagnie, celles des Hirondelles, est venue lui faire concurrence ; les bateaux sont aujourd’hui à la rivière ce que les omnibus et les tramways sont à nos rues et à nos boulevards, et ils ont rendu de grands services à la population parisienne, qui les a adoptés avec empresse- ment. Durant l’Exposition de 1867, du 1er avril an 30 novembre, les Mouches avaient transporté 2,700,000 voyageurs, et, le 30 septembre 1868, ils avaient reçu plus de 35,000 personnes