L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARTS
Ü
reste, ces mêmes lils posés à l’extérieur du
pavillon, sur des herses de fer.
Dans la salle de gauche, la Société des télé-
phones <i groupé une série d’appareils, fort inté-
ressants au point de vue historique. Ce sont les
premiers téléphones ayant servi en France et en
Angleterre à la correspondance.
On voit, dans la même section, les appareils
(le télégraphie domestique, qui ont pris aujour-
<1 hui tant d’importance, et dont un spécimen
dont nous donnons le dessin, le téléphone domes-
tique à colonne (fig. 2), suffira pour fixer le type
général.
Si I on en excepte le commutateur multiple
fonctionnant dans le bureau vitré, nous n’avons
pas remarqué de grandes innovations dans la
série d appareils mis sous les yeux du visiteur.
La téléphonie, bien qu’elle compte fort peu
d années d’existence, est déjà parvenue à une
telle perfection que l’on ne peut guère en atten-
dre que des modifications d’ordre secondaire.
Aussi avons-nous hâte d'arriver à la partie qui
iiil.i resse le plus le visiteur dans le Pavillon des
téléphones. Nous voulons parler des auditions
téléphoniques installées au rez-de-chaussée de
ce petit bâtiment.
Ce rez-de-chaussée se compose de 4 salles.
•Jans celle du milieu est installée la rosace
<1 entrée des fils télégraphiques; les autres
sont consacrées aux auditions théâtrales.
Le service des auditions théâtrales est réglé
de la manière suivante. Chaque salle est divisée
en deux parties, pouvant recevoir chacune
30 personnes. La partie droite est affectée à
1 Opéra, la partie gauche à l’Opéra-Comique.
Chaque salle comprend donc trente paires de
téléphones, alimentées par six circuits de dix
téléphones chacun. 11 y a trois circuits pour les
téléphones de gauche et autant pour les télé-
phones de droite. La durée d’une audition est
de dix minutes.
Le visiteur qui est frappé d’admiration et de
surprise en entendant résonner à ses oreilles
des sons, des chants, des paroles qui se pro-
duisent à plus d’un kilomètre de distance, se
flemande par quelle disposition particulière le
téléphoné peut servir à ce transport mer-
veilleux de la parole et des sons. Nous satis-
ferons sa curiosité en décrivant le mode d’ins-
tallation des appareils téléphoniques sur la
scène de l’Opéra. Nous représentons cette ins-
tallation dans la figure 3.
Les transmetteurs employés sont ceux qui
fonctionnent pour la correspondance ordinaire
et particulière. Ils sont placés, au nombre de
10, de chaque côté de la boîte du souffleur,
comme le représente notre dessin. Chacun de ces
récepteurs est en rapport avec une pile Leclan-
ché, et une bobine d’induction correspond à
celle pile. Le fil conducteur double (pour l’aller
ct le retour) s’étend sur une longueur de
2 kilomètres environ qui sépare l’Opéra du
Champ de Mars. Ces conducteurs sont placés à
la voûte des égouts. Comme les piles se pola-
risent rapidement et perdent ainsi de leur puis-
sance, on les change de quart d’heure en quart
d heure. Pour cela, chaque pile a son commu-
tateur, au moyen duquel, chaque quart d’heure,
on met le transmetteur en rapport avec une
pile nouvelle; pendant ce même temps, on
recharge la pile usée.
Pour se mettre en garde contre toute cause de
dérangement, on a pris certaines précautions.
Les transmetteurs microphoniques disposés
sur la scène sont fixés, chacun, sur un socle en
plomb, reposant sur des pieds en caoutchouc.
On évite ainsi les bruits qui, sans cette précau-
tion, seraient transmis en même temps que les
sons, et qui proviennent des pas et des mouve-
ments des acteurs et des danseuses L’inertie
des masses de plomb servant de supports aux
transmetteurs, éteint ces trépidations, et les
empêche d’arriver à la planchette microphoni-
que du transmetteur.
On a jugé indispensable de munir chaque
auditeur d’un récepteur double : un pour chaque
oreille. Et voici la raison de celte particularité.
Le chanteur n’est pas immobile sur la scène. Il
passe fréquemment de l’un à l’autre côté de la
rampe. C’est même là une des règles de l’art.
Supposons que le chanteur se trouve à droite du
souffleur ; la voix actionnera le microphone
transmetteur de droite plus énergiquement que
celui de gauche, et l’oreille droite de l’auditeur
sera plus vivement impressionnée que l’oreille
gauche. Si le chanteur passe à gauche du souf-
fleur, c’est le contraire qui se produira. Ainsi,
quand l’acteur marche sur la scène, son déplace-
ment se traduit, pour celui qui écoute, par un
affaiblissement du son dans un des cornets
récepteurs et par un renforcement dans l’autre
cornet récepteur. De là des inégalités d’inten-
Fig. 2. — Téléphone Ader-Bell
A COLONNE.
sité, qui nuiraient à la pureté de la transmission.
M. Ader, l’auteur de cette remarquable instal-
lation, eut l’idée très ingénieuse de croiser les
impressions arrivant u chaque oreille de 1 au-
diteur, c’est-à-dire de faire aboutir à l’oreille
droite les sons d’un transmetteur, et à l’oreille
gauche le son d’un second transmetteur, placé
à une distance de quelques mètres du premier.
Les transmetteurs sont donc groupés par
paires, l’un étant sensiblement éloigné de l’autre.
Chaque personne reçoit l’impression des deux
transmetteurs distincts, par l’une el 1 autre
oreille, ainsi que le montre le diagramme de la
figure 4, dans lequel on voit que le chanteur étant
placé en A, par exemple, la voix traversant le
microphone M est recueillie par le récepteur B.
correspondant à l’oreille droite du spectateur,
et à travers le microphone M' par le récepteur
B' correspondant à son oreille gauche, — et
que, lorsque le chanteur se trouve au point A',
sa voix est recueillie à travers le microphone M'
par le récepteur B'correspondant à .son oreille
gauche, et à travers le microphone M, par le
récepteur B, correspondant à son oreille droite.
Dès lors, le chanteur peut se mouvoir: l’une des
deux oreilles de l’auditeur percevra toujours le
son à peu près avec la même intensité que l’autre.
Les deux transmetteurs disposés le long de la
scène de l’Opéra répondent à 60 récepteurs Ader,
pour døsservir 30 auditeurs placés dans les deux
salles du Pavillon des Téléphones.
Ces salles sont disposées de manière à éteindre
tout bruit extérieur, qui aurait nui à l'effet
sonore que l’on veut recueillir. Pour cela, un
épais tapis couvre le parquet ; des rideaux
et des tentures composent l’enceinte et des
portes doubles et faites d’étoffes en défendent
l’entrée (fig. 5). ‘
Grâce à ces ingénieuses dispositions, on
assiste littéralement à une représentation de
l’Opéra. On reconnaît la voix des chanteurs. Ce
n’est pas l’effet d’un rêve lointain, mais celui
d’une réalité auditive. Les chœurs et les paroles
chantées arrivent à l’oreille, pleins et harmo-
nieux, et l’on ne perd pas un accord de l’or-
chestre. Pendant les entr’actes,on entend même
les bruits de la salle, et jusqu’à la voix des
crieurs de journaux et des marchands de pro-
grammes !
Nous avons vu inaugurer, dans la même salle,
une assez curieuse réduction des auditions théâ-
trales imaginée par MM. Marinovitch et G. Sza-
nady, et qui, paraît-il, va bientôt être installée
sur les boulevards de Paris. Les inventeurs
appellent théâtrophone ce petit appareil, qui est
une nouvelle et ingénieuse application de la
bascule automatique.
Dans les bascules automatiques que l’on voit
en si grand nombre à Paris, il suffit de glis-
ser, à travers une fente, une pièce de 10 centimes
qui, arrivant à l’intérieur sur l’un des plateaux
d’une balance en équilibre, détruit par son
poids l'équilibre de la balance, et par le mou
vement du plateau décroche l’arrêt de la bas-
cule. Ici, le mécanisme est le même ; seulement
c’est une pièce de 50 centimes qu’il faut glisser
dans la fente. Le poids de ladite pièce dégage
un mouvement d’horlogerie, qui met un fil
conducteur en rapport avec la ligne télépho-
nique allant de l’appareil à une salle où se donne
un concert on une représentation musicale.
Quand nous avons assisté aux premiers essaie
du théâtrophone, la station musicale qui nous
envoyait ses flots harmonieux, se trouvait dans
une maison de la rue Caumartin. Les sons
arrivaient très vigoureux, la transmission était
aussi complète qu’on pût le désirer. C’est là, en
vérité, un charmant appareil, dont on ne peut
que féliciter les inventeurs.
Une autre salle du rez-de-chaussée du Pavillon
des Téléphones est consacrée aux auditions du
nouveau phonographe Edison. Les auditeurs
se rangent autour d’une table ronde, et, à tour
de rôle, s’enfonçant dans l’oreille le tube qui
sert de conducteur aux sons, ils entendent le
chant ou les paroles tracés sur le cylindre de
cire, d’après la modification apportée récem-
ment à l'appareil primitif par l’inventeur.
On a longuement expliqué dans ce journal le
mécanisme du nouveau phonographe Edison, et
fait connaître ses dispositions actuelles 1. Nous
n’aurions rien à ajouter à cet exposé auquel il
nous suffit de renvoyer le lecteur.
Nous dirons seulement que ces auditionssont
loin d’être favorables au nouveau phonographe.
Qu’on les écoute par le tube acoustique, ou
par l’appareil libre, les sons d’orchestre, les
chœurs ou les paroles, conservent ce timbre de
voix de polichinelle et ce bruit de friture, qui
ôtent toute illusion et tout charme. Les auditeurs
se regardent entre eux, n’osant trop exprimer
leur désappointement, mais trouvant que le
résultat n’a pas répondu à leùr attente. J’estimç,
quant à moi, que le prétendu perfectionnement du
phonographe fait regretter l’appareil primitif.
Je vous dis cela tout bas, cher lecteur; n’allez
pas le répéter à M. Edison. Louis Figuier.
4. L’Exposition de Puri“ n° 44, page IH.