L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
171
La mort était alors infligée pour nombre de
délits ou crimes qui sont autrement punis au-
jourd’hui : aux xve, xvis, xvn' siècles, on mettait
à mort les rebelles, les faux monnayeurs, les
individus convaincus de lèse-majesté, les voleurs
de grands chemins, les filles coupables d’avoir
caché leur grossesse; le rapt, — ce n’était pas
un mal, — le libelle diffamatoire (récidive), le
faux en écriture publique ou en témoignage, la
banqueroute frauduleuse, le vol avec effraction,
l’inceste, — ici encore on peut approuver la pé-
nalité, — l’impiété, le vol d’hosties, le viol, etc.,
étaient punis de même manière. Certes, pour
bien des cas, la peine de mort semble exagérée :
elle l’est encore plus quand on considère les fa-
çons dont elle était infligée, par le feu, par la
roue, par exemple, et les tortures dont elle était
précédée : tenaillement, section de la langue,
plomb ou cire à l’état fondu que l’on verse dans
les plaies, écartèlement, etc. Parfois, il est vrai,
l’on ordonnait que le roué serait étranglé à la
nuit, et qu’il n’aurait pas à attendre la mort
par le fait de ses blessures, ou que l’homme
condamné au bûcher serait étranglé avant que
le feu ne fût mis : mais c’était rare. Il y avait
bien aussi la grâce qui s’exerçait parfois. En
1420, le duc de Bourgogne accorda sa grâce à
« Jehanne Leroy condempnée à estre mise au
pillori, à avoir la langue percée d’un fer chauld
et bannie pour avoir dit publiquement qu’il
y avoit à Douai 46 ou 47 des plus notables
damoiselles mariées qui estoient ribauldes. »
Le crime n’était pas grand, et peut-être la chose
était-elle assez vraie pour justifier l’allégation
désagréable de ladite Jehanne. Le même duc
gracia aussi un « povre jeune homme qui étant
surpris de vin et moult tendre de la teste », avait
dérobé une petite ceinture. Un Bourguignon
devait être indulgent à un méfait occasionné
par le vin.
Déjà, à cette époque, une fille pouvait sauver
du supplice un criminel en l’épousant, et Victor
Hugo a tiré de celte singulière forme de grâce
le parti que l’on sait. Le journal d’un bourgeois
de Paris conte « qu’au moment où l’on allait
exécuter ung très bel jeune fils qui avoit faict
des pilleries autour de Paris, une jeune fille des
Halles le vint hardiment demander, et tant
fist par son bon pourchas qu’il fust remené au
Chastelet, et depuis furent espousez ensemble. »
Mais ce sont là des cas exceptionnels, et le plus
souvent le criminel, — dont le délit ne nous
apparaît point aussi terrible qu’il le semblait
aux yeux des juges d’autrefois, — subissait sa
torture et son châtiment. Elles étaient terribles,
ces tortures. On peut voir à l’Exposition péni-
tentiaire les appareils eux-mêmes, ou les images
qui les représentent : on voit un banc de torture
authentique, des chaînes, des bancs de justice,
des anneaux, et tout l’arsenal des moyens de
contention.
Les peines risibles coudoient les peines
atroces. La prostituée était souvent promenée
par les rues montée sur un âne, la face tournée
vers la croupe, à moitié velue, avec ses galants
enchaînés qui suivaient la procession. D’autres
fois on l’enduisait de poix, et l’on piquait dans
cette poix des plumes qui faisaient de la femme
un oiseau d’un nouveau genre que la populace
huait à son passage dans les rues.
A Toulouse, la femme adultère était menée
au bord do la rivière et introduite dans une
façon de cage en fer, un mannequin de femme
à claire-voie, et à trois reprises on plongeait la
cage dans l’eau, sans cependant aller jusqu’à
noyer la coupable. D’autres fois, la cruauté
revenait et on lui tenaillait les seins (voir les
figures exposées).
Le blasphémateur était traîné sur la claie, il
avait la langue coupée, on l’étranglait et on le
brûlait; le faux monnayeur était bouilli vif.
■D’ailleurs, la cruauté allait souvent jusqu’à la
bêtise. L’animal coupable d’un méfait était exé-
cuté comme un être humain. C’est ainsi qu’en
1457 une truie avec ses six « coinchons » dévora
un homme; elle fut condamnée à être pendue
parles pieds de derrière à un arbre... Au regard
des coinchons, de ladite truie, « pour ce qu’il
n’appert aucunement que iceulx coinchons
ayent mengié dudit Jehan Martin », ils furent
acquittés.
Le fait se reproduisit à Molinchart en 1612,
et le porc fut assommé et « réduit en cendres ».
La justice s’attaquait aussi au cadavre du cri-
minel défunt : Jacques Clément fut, après sa
mort, traîné à quatre chevaux et brûlé.et en 1561
le cadavre d’un hérétique fut pareillement
brûlé. En 1499 encore, un suicidé fut déclaré
coupable de « s’être défait et homicidé soi-
méme », et son corps, traîné sur une claie,
pendu par les pieds à la potence, puis jeté à la
voirie. C’étaient là des cruautés inintelligentes.
De notre temps, l’esprit public ne voudrait
point, je l’espère du moins, de ces raffinements.
Un cadavre est chose qu’on respecte, puisque
messieurs Jes criminels ont même le droit, —
semble-t-il, — d’empêcher qu’après leur mort,
leur cadavre ne serve à des recherches anato-
miques ou physiologiques. Ceci, d’ailleurs, est
abusif.
L’Exposition pénitentiaire renferme peu de
choses relativement à la justice sous la Révolu-
tion : d’ailleurs on conçoit qu’il y ait là plus à
cacher qu’à montrer. Que peut être la justice
de ceux qui ont écrit : « La guillotine, depuis
ce moment, ne désempare pas; les ducs, les
marquis, les comtes et les barons, mâles et
fumelles, tombent comme grêle » (Darthé);
et : « J’ai été réveillé, soudain j’ai envoyé à la
citadelle de Doullens sept terribles patriotes,
qui m’ont ramené pour le tribunal une douzaine
de scélérats mâles ou femelles » (JosephLebon)?
Passons, cela vaudra mieux; nous savons que
c’est au nom de la justice et de la religion que les
crimes les plus monstrueux se commettent le
plus souvent.
Voilà pour le passé. Le présent nous est
représenté par une exposition beaucoup plus
abondante, mais dont l’intérêt n’est pas toujours
suffisamment expliqué au public. Le magistrat
d’aujourd'hui est doublé d’un philanthrope :
il veut châtier, assurément, mais il veut que,
dans les cas où la chose est possible, le délin-
quant se puisse réhabiliter. Il croit beaucoup à
la possibilité de moraliser et améliorer le mal-
faiteur. Il serait présomptueux de croire que
dans cet ordre d’idées humanitaires, tout ait été
fait : il reste beaucoup à changer et à perfec-
tionner; mais la bonne voie est frayée en
partie. C’est un commencement. Parmi les
objets exposés qui se rapportent aux prisons
modernes,je signalerai, à côté des innombrables
œuvres artistiques, distinguées par leur seule
laideur, qu’exposent des détenus, les plans de
différentes maisons cellulaires et prisons. En
comparant avec les prisons d’autrefois, on
appréciera d’un coup d’œil les progrès. Les
objets fabriqués par les détenus ne présentent
en eux-mêmes rien d’intéressant ; mais il est bon
de montrer au public comment l’on occupe les
délinquants. Les visiteurs manifestent un vif
intérêt pour l’exposition du service anthropo-
métrique, et ils ont raison On connaît le fonc-
tionnement de ce service, et le rôle utile qu’il
joue : je n’ai pas à y revenir. Quant aux chaus-
sons, sabots, boutons, corsets, broderies,
cathédrales en mie de pain, sculptures sur
bois, vêtements, cols et autres objets fabriqués
par les détenus, pour leur amusement, ou par
ordre, ils ne présentent aucun intérêt spécial.
La corde fabriquée par un détenu en vue d’une
évasion projetée, et la serrure incrochetable (?)
confectionnée par un autre détenu attireront
plus la curiosité des visiteurs.
IL de Varigny.
LES PORTES
DE L’EXPOSITION MÉTALLURGIQUE
Au fond de la Galerie centrale, à gauche,
avant d’arriver à l’Exposition des Machines,
trois grandes baies donnent accès dans la galerie
de l’industrie métallurgique.
Des chaudrons de cuivre gargantualesques,
d’interminables tuyaux en colimaçon, des obus
invraisemblables et des cylindres énormes for-
ment une colossale panoplie industrielle devant
l’entrée, que gardent deux gigantesques candé-
labres.
Chacune des trois sections de la galerie
s’ouvre par un portique aussi curieux qu’ori-
ginal. Des canons debout figurent des colonnes,
couronnées par des roues dentées en guise de
chapiteaux. L’arceau est composé de faux lui-
santes et de tridents d’acier, alternés.
Entre les portiques s’élèvent de fort beaux
trophées de cuirasses, d’instruments agricoles,
pelles, faucilles, hachettes, lames de sabre, de
baïonnettes, d’épées, croisés ou enlacés avec
autant de goût que de variété.
Ces colonnes, comme les trophées, ont pour
piédestal des roues immenses, des enclumes et
des marteaux de cyclope, de longues ancres de
marine, des écrous de toute taille et de toute
dimension, des essieux d’une longueur et d’une
grosseur démesurées.
C’est bien là l’entrée qui convenait à une
exposition métallurgique comme celle des
Forges de la Loire, où sont réunis d’admirables
Spécimens de l’industrie moderne.
V.-F. M.
LE PAVILLON DU PORTUGAL
Un peu en aval du pont de l’Alma, s’élève un
coquet bâtiment aux clochetons et aux balcons
à jour, d’un blanc grisâtre, — qui baigne ses
pieds dans la Seine. C’est le pavillon du Portugal,
où un architecte français, M. Hermant, a cherché
à reproduire le style portugais du xvme siècle.
Il occupe cinq cents mètres carrés et se com-
pose d’un rez-de-chaussée, de deux étages et
d’une tourelle haute de 35 mètres. Un large
escalier intérieur en bois découpé relie les divers
étages; en le gravissant, on peut voir sur le
mur, encadrées dans des tapisseries, de belles
photographies, de jolies poteries, et de fort
curieux ossements d’animaux antédiluviens,
notamment de gigantesques défenses d’élé-
phant.
Les denrées coloniales sont réunies à l'étage
supérieur, avec les conserves alimentaires, les
liqueurs et l’aguardiente; les faïences d’art,