ForsideBøgerL'exposition De Paris 188…quatrième volumes réunis

L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis

År: 1889

Forlag: A La Librarie Illustree

Sted: Paris

Sider: 324

UDK: St.f. 061.4(100)Paris

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L’EXPOSITION DE PARIS 231 rendre le fondu que réclame la représen- tation de l'homme ou même du paysage. Le papier qui, saupoudré d’or, de drap, de velours, excelle à donner l’illusion des brocarts et des étoffes, ne saurait se prer- ter aux finesses du modelé; elles exigent le secours du pinceau, l’habileté de la main. Et l’on peut dire que plus l’effort aura été grand pour obtenir le résultat souhaité, plus l’industriel aura réussi à con- trefaire le peintre, et plus apparaîtra net- tement l’inanité de la tentative. Le dip- tyque qu’expose la maison Guillou, les trois cadresde M. Petitjean, dans lesquels l’exé- cution atteint son maximum de finesse, sont autant d’exemples probants. La fi- gure, le paysage même, pour rester vrai- ment décoratifs, doivent être traités lar- gement, sommairement, sans prétention au tableau peint et au trompe-l’œil. Il faut que l’artiste se convainque de ces vérités, et sachebienque l’ornement géométrique, la flore ornemanière, l’animal, dans son expression héraldique, sont, en définitive, les éléments qui conviennent le mieux à la composition de leurs ouvrages. Comment juger dès lors les fabricants dont l’habileté s’applique à imiter diffé- rentes matières, telles que les cuirs, la faïence, la moire et les étoffes? Condam- nerons-nous cette sorte de plagiat? Logi- quement elle devrait être réprimée. En art, c’est toujours une faiblesse que de dissimilier, quelle qu’elle soit, la matière choisie. Les maîtres s’élèvent avec raison contre cet abus. « Si, pour une raison quelconque d’économie ou de rapidité d’exécution, écrit M- Mayeux, l’imitation mensongère d’une matière est appelée à concourir à une œuvre décorative, cotte imitation ne peut, dans aucun cas, être considérée artistique. » Dans la spécialité qui nous occupe, la rigueur de cc prin- cipe doit être exceptionnellement écartée. Il faut se souvenir que le papier peint est essentiellement un art d’imitation et n’a jamais prétendu à d’autre destinée. Ce qui peut rendre blâmable une copie, ce n’est pas la tentative de trucage, mais son avortement ; et la mémo raison qui nous a fait condamner los tapisseries man- quées de M. Petitjean nous oblige à louer scs heureuses imitations de faïence. De même devant les panneaux de M. Leroy, les cuirs de CordouedeMM. Tloock frères, les étoffes de M. Follot, je ne puis me, dé- fendre d’une admiration dont Charles Blanc analyse si justement la cause. « La beauté du résultat est telle, écrit le célèbre critique, que la matière première devient chose indifférente. Dès qu’on peut avoir lo parfait aspectdela soie, du satin, du velours, de la laine lissée, du cuir re- poussé, etc., il importe peu que la sub- stance soit vraie, puisque la contrefaçon n’a pas été imaginée cette fois dans l’in- tention de rançonner l’acheteur, mais au contraire afin de multiplier ses jouissan- ces en ménageant ses ressources. Il im- porte peu au plaisir du sentiment que tel objet artistement travaillé soit en or massif ou en cuivre doré, lorsque nous voyons le prix qu’on attache aux ouvrages en étain de François Briot. » Nos contemporains ne pensent pas au- trement, et parmi eux tout particulière- ment M. Follot. Dans une conférence déjà ancieane sur l’industrie dans la- quelle il a si justement conduis une haute notoriété, M. Follot constatait avec re- gret que depuis quelques armées déjà la décoration do nos murailles se trouvait reléguée au second plan par l’intrusion dans le mobilier moderne d’objets d’art, de meubles, de tableaux dont l'éclat est mieux relevé par un papier d’une teinte neutre cl tranquille que par ces tentures à ramages dont la variété absorbe l’atten- tion. En homme avisé, il s’ost efforcé de prévenir le mal qu’il prévoyait ; et l’on doit constater qu’il a réussi à donner au papier monochrome toute l’élégance et la parure qu’il pouvait recevoir. La série de ses gaufrés, de ses chevil- lots, de ses imitations de soie, do drap, ou môme ses simples échantillons unis à la machine, présentent une variété char- mante do fonds que la "richesse sobre du dessin, imprimé ton sur ton, en creux ou en relief, rend dignes d’encadrer les plus précieux bibelots. L’art anglais, aussi vieux que le nôtre, a fait les mêmes progrès ; mais le tem- pérament pratique du peuple britannique le pousse vers d’autres découvertes. En même temps que la recherche du beau le séduit, la question d’utilité, de « comfort » le préoccupe. Il aime les jolis papiers, mais il les veut durables et salubres, c’est-à-dire imperméables, faciles à net- toyer. Aussi, tandis que chez nous l’uni- que maison Guillou expose un essai de cegenre, la section anglaise nous apporte los modèles les plus variés do papiers lessivables. C'est F «anaglypta», superbe décoration imprimée en relief dans la pâte encore mollo et peinte à l’huile, au vernis ou laquée ; ce sont les « murali- ncs » textiles, duro-textiles, emboss- tapestry.de la maison Fisher, le « tecto- riuni » des frères Stowy et vingt autres dont le nom m’échappe. Or, l’on croirait à tort que ces tentures aux appellations imagées n’offrent d’autre intérêt que ce- lui de l’hygiène. Quelques-unes sont d’une rare splendeur : notamment celles fabriquées par Woolmans et Wylie and Locchead que nos plus belles ont peine à égaler. Dans le mènio ordre d’expérien- ces, l’Amérique n’ajoute qu’un faible con- tingent de documents nouveaux. Los pro- cédés techniques de l’Angleterre s’y re- trouvent avec quelques essais curieux orientalismes. Le Portugal n’exhibe que des vulgarités et il nous faut, en terminant, (mirer dans la section japo- naise pour garder do cette promenade un souvenir exquis. Là fleurit un art éternellement jeune parce que les hom- mes qui le produisent n’ont jamais cessé, à travers les âges, de communier avec la Nature. Et comme elle est infiniment va- riée dans ses aspects et dans ses formes, laféconditéde leurs trouvailles est inépui- sable. Pour ces amoureux de la création, tout est sujet à peindre : le poisson dont l’eau cristalline laisse voiries ébats, l’oi- seau qui vole ou qui so pose, la mouche., le brin d’herbe et les délicieuses fleurs. A force de regarder, àforce d'aimer les cho- ses et les êtres, ils en arrivent à saisir avec une incroyable prestesse de mains leurs attitudes les plu s fuyantes, leurs plus insen- sibles mouvements. Et quelle simplicité d’exécution, quelle précision, quelle har- diesse! Art vraiment exquis que celui qui nous charme à si peu de frais. Un paysage sans perspective, sans horizon, avec des parterres qui semblent des bouquets sur des montagnes dressées comme des étagères, il n’en faut pas davantage pour nous emprisonner dans un rêve fleuri ! Ma prédilection pour ces dilettantes m’entraîne. Du moins que ? nos artistes les visitent. Ils trouveront près d’eux des émotions salutaires. Quelques-uns ont déjà ressenti leur invincible attrait. J’ai vu (de M. Jouanny) un décor où des plants de tabac, points largement d’après nature, poussent sur un fond bleu leur silhouette décorative, dans lequel, ainsi que dans certaines contrefaçons de faïence, l’influence japonaise est claire- ment lisible. Toutefois l’originalité de ces œuvres reste complète. Que l’exemple des Japonais ramène nos décorateurs à l'observation de la réalité, qu’ils se souviennent que la nature doit être la principale source de leur inspiration. C’est là tout ce qu’on peut souhaiter. Un homme d’immense talent et de science profonde, M. P.-V. Galland, a hautement compris ccttô vérité, et, grâce à ses leçons et à ses travaux, nos arts décoratifs sont définitivement entrés dans une a oie riche de découvertes, où les attendent de nombreux et de légitimes succès. Armand Dayot.