L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
23!)
crut devoir proposer, lors des premiers travaux
de la commission, que l’on fit, a côté de la gra-
vure proprement dite, une place speciale à ces
gravures industrielles. On n adopta pas la pro-
position et l’on fit bien; car il y eut eu là une
regrettable confusion d idées, surtout dans le
public. Mais tout cela est très important à si-
gnaler pour faire comprendre les tendances
actuelles.
Or, malgré cet abandon de certains moyens
traditionnels, malgré cet envahissement consi-
dérable des moyens où l’art n’a rien à voir, ou
presque rien, jamais notre école de gravure n’a
été plus brillante ni plus active. Elle existe
donc par elle-même, elle est évidemment vivace,
elle constitue une forme d’art indispensable que
rien ne saurait atteindre. Après ce préambule
nécessaire, notre promenade à travers les sec-
tions de gravure au Palais des Beaux-Arts nous
prouvera que nos contemporains n’ont pas
démérité, et peuvent soutenir la comparaison
avec leurs aînés.
Elle était d'ailleurs singulièrement avivée, la
curiosité de ces prédécesseurs : taille-douce,
eau-forte, pointillé, gravure en couleur étaient
exploités par une légion de graveurs, de mé-
rites divers. Une curiosité, presque une excep-
tion : J.-J. de Boissieu (1736-1810) se présente
au début de notre revue, avec des qualités fort
rares à l’époque : une pointe d’aqua-fortiste
libre et originale, et un véritable sentiment de
la nature. Son Paysage (n° 36 du Catalogue)
pourrait presque être daté d’aujourd’hui.
Qu’en faudrait-il conclure ? Que l’eau-forte avait
conservé, par grâce d’état, quelques-unes des
traditions hollandaises, et qu’elle se trouvait
ainsi devancer le renouveau du paysage qui
n’eut lieu que vers le milieu du siècle.
Autre curiosité, de moindre portée. Chrétien,
l'inventeur du Physionotrace, est représenté ici
avec quelques petits portraits obtenus par cc
procédé plus célèbre que remarquable, sic tran-
sit Copia, l’un des plus féconds graveurs do
la période révolutionnaire : on voit de lui deux
pièces importantes : le Marat, gvtrvé au poin-
tillé d’après David, et la Constitution, d'après
Prud’hon.
Pour nous reposer de ce que cet éternel poin-
tillé aurait eu de lisse et de monotone, les organi-
sateurs ont été assez prodigues de ces belles
estampes en couleurs, dites aux cinq cuivres,
qui eurent aussi la vogue, et que l’on tente de
faire revivre en ce moment même. Parmi ces
pièces si séduisantes, il nous en faudra citer une
célèbre : le portrait de Marceau, par son beau-
frère Sergent-Marceau. La gloire du héros ré-
publicain est bien pour quelque chose dans Je
renom de cette gravure.
Les estampes de Debucourt ont, au moins,
par elles-mêmes, une réelle valeur artistique.
C’est toute la fin du xviii0 siècle qui, dans ces gran-
des planches aux tons veloutés, revit, badine,
chatoie, minaude, piaille, mêlant, dans le plus
réjouissant tohu-bohu, les bourgeois et les petits-
maîtres. les politiques et les flâneurs, les ingé-
nues et les coquettes, celles-ci plus nombreuses,
celles-là sans garantie. On reverra avec plaisir
ces pièces indispensables à toute collection qui
se respecte : la Promenade du Palais Royal, les
Courses du matin, etc., ainsi que certaines com-
positions célèbres de Carie Vernet, que tradui-
sit Debucourt, telles que Passez, Payez et le Coup
de rent.
Duplessis-Berteaux, autre graveur qu’on ne
saurait se dispenser de consulter pour une his-
toire complète de la Révolution, est assez mai-
grement représenté. On aurait pu faire un cadre
plus important de ses célèbres petites vignettes,
quels que soient, d’ailleurs, les défauts de leur
style. En revanche, voici, pour nous divertir,
quelques-unes des plus réjouissantes carica-
tures d'Isabeyle père. Ce sont, en couleur, des
difformités et des modes cocasses; des coups
de vent facétieux qui découvrent des maigreurs
cliquetantes ou des rondeurs qui croulent.
Mais laissons ces œuvres plaisantes ou un
peu lointaines. Voici un art plus austère qui
nous réclame, et, à la suite de David, les buri-
nistes atteignent leur apogée. Le panneau qui
a été consacré aux graveurs en taille-douce,
quelque froide que puisse être l’impression gé-
nérale, est, il faut le reconnaître, d un prix
inestimable. Ici, de Bervic, le magnifique
Louis XVI dans son costume royal, d’après
Callet; ou certaines com^osilions ultra-classi-
ques deRegnault. Là, de Boucher-Desnoyers, le
portrait en pied de Napoleon Pr, d’après Gérard,
ou le portrait de Talleyrand; des œuvres de
Raphaël et de Léonard, la Relie Jardinière, la
Vierge aux rochers. Puis, d’Audouin, un superbe
Louis XVIII, d'après Gros. Tout cela est fort
imposant, et l’on ne saurait nier la conscience
et l’autorité qui distinguent de pareils travaux.
De môme qu’il faut accorder un louable res-
pect des traditions aux artistes plus voisins de
nous, ou contemporains, qui ont pris la suite
do ces maîtres : par exemple, Pannier, lli-
chomme, M. Bertinot, mort récemment, M. Di-
dier, MM. Jules et Achille Jacquet. Parmi les
burinistes, nous réservons également deux
places hors ligne à des artistes pourtant de ten-
dances absolument opposées : M. llenriquel-
Dupont et C. F. Gaillard.
M. llenriquel-Dupont, c’est l’art absolument
classique, mais d’une pureté parfaite; nul ne
pouvait prétendre à graver avec une semblable
précision les œuvres d’Ingres, de Gérard et de
Paul Delàroche. Si les originaux ne sont pas
bien vivants, la faute n’en est pas au graveur.
Mais le portrait de M. Berlin, d’après Ingres,
sera reconnu par le critique indépendant pour
un véritable chef-d’œuvre. Quant au célèbre
Hémicycle de l'Écok des Beaux-Arts, d’après
Paul Delàroche, c’est un travail considérable,
et qui vaut presque mieux à notre avis que l’ori-
ginal: ce ne serait pas en faire un bien grand
éloge. La preuve du grand talent de M. Hen-
riquel-Dupont, nous la trouvons aussi dans le
Portrait de Saurageot, le collectionneur célèbre,
qui, bien qu’enlevé en quelques coups de
pointe, se détache délicieusement, plein d’es-
prit et de vie, au milieu de ces sécheresses aca-
démiques.
Nos préférences, est-il besoin dele dire, nous
attireront vers l’œuvre de ce grand artiste,
enlevé trop tôt, Ferdinand Gaillard (1834-1887).
Il a renouvelé, comme nous l’avons dit, l’art de
la gravure, avec une force et une sûreté sans
pareilles. D’un goût, d’une science, qui éga-
laient sa prodigieuse habileté, ce graveur
demeurera parmi les maîtres de ce temps-ci.
Peintre excellent et dessinateur impeccable, il
a pu donner à toutes ses œuvres une solidité
qui manque souvent chez les artistes moins
préparés. Quant au côté gravure proprement
dite, la pointe est manœuvrée en tous sens, d un
travail serré d’eau-forte, abandonnant les ridi-
cules hachures parallèles ou croisées, avec un
point au milieu rle chaque losange, jeu de
patience puéril. Gaillard était profondément
imbu de l’étude des maîtres : aussi a-t-il rendu
à merveille la profonde naïveté, la délicieuse
fraîcheur des grands primitifs, Jean Beilin. Van
Eyck, Antonello de Messine. La Vierge au Dona-
teur, Vllomme à l'œillet, sont des pièces admi-
rables. Nombreux sont aussi les portraits,
étonnants de dessin et d’exécution : Dom Gué
ranger, Léon XIII, etc. L’Exposition centennale,
permettant les comparaisons les plus variées
aura été pour Gaillard une consécration défini-
tive.
(A suivre.) Arsène Alexandre.
LES FÊTES DE L’EXPOSITIOK1
Toutes les puissances s’associent à cette so-
lennité. Des nations qui n’ont pas de ministres
sont là aussi représentées par leurs nationaux
en costume. On n’est plus en Fj.ance; c’est un
abrégé du globe. On remarque des Cingalais,
des Canaques, des Annamites, des Tziganes,
des Hottentots, des Algériens, des.Japonais,
des Chinois, etc.
M. Tirard fait un éloquent tableau des ma-
gnificences de l’Exposition de 1889, des progrès
scientifiques accomplis de nos jours, des bien-
faits apportés par notre siècle à l’hur'anité, et
adresse les hommages et les sentiments recon-
naissants de la France aux nations étrangères
pour le brillant et précieux concours qu’elles ont
prêté à cette fête du travail et de l’industrie, et
aux commissaires délégués des sections étran-
gères qui ont contribué à jeter une si pittores-
que variété dans le Champ de Mars. Le ministre
félicite les colonies et les pays de protectorat de
l’éclat jeté sur l’Exposition de l’Esplanade des
Invalides, et remercie les auteurs de toutes les
merveilles accumulées, la coupole centrale, la
Tour Eiffel, lePalais des Machines, chef-d’œuvre
de construction métallique, etc.
Après avoir loué les ingénieurs, les archi-
tectes, les ouvriers, qui ont rivalisé de courage,
d intelligence, d’habileté et d’adresse dans
l’exécution rapide des travaux, M. Tirard ter-
mine par ces mots qui sont salués par d’una-
nimes applaudissements : « Accueillons et fêtons
avec joie les étrangers dont la foule se presse
déjà dans nos murs; prouvons-leur que la
France républicaine est hospitalière et géné-
reuse, qu’elle aime et honore les travailleurs
de tous les pays et voit en eux, non des
rivaux qu’elle jalouse, mais des collaborateurs
qui travaillent avec elle au bonheur de l’huma-
nité et à la paix du inonde! »
M. Carnot prend à son tour la parole et salue
les travailleurs du monde entier, cpii ont ap-
porté à cet œuvre de labeur et de progrès, le
prix, de leurs efforts et les productions de leur
génie.« Nous venons,ajoute-t-il, tendreunemain
amie à tous ceux qui se sont fait nos collabo-
rateurs dans l’œuvre de paix et de concorde
à laquelle nous avons convié les nations. » Il
souhaite ensuite « la bienvenue aux visiteurs
qui arrivent déjà de tous les points de l’hori-
zon et qui trouveront une terre hospitalière,
une ville heureuse de les accueillir. La France
a le droit d’être fière et de célébrer le cente-
naire économique de 17ô9. Le siècle qui s’achève
laissera une trace lumineuse dans l’histoire de
la France, qui poursuit sa tâche dans le calme
et dans la paix. C’est dans ces fûtes grandioses
du travail que les nations peuvent se rappro-
cher et se comprendre, et que doivent naître
les sentiments d’estime et de sympathie qui
-1. Voir le n° 69