L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
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quatre centimètres d’épaisseur, pour for-
mer l’enveloppe ; de là aussi l’adjonction
d’un doublage intérieur avec comparti-
ments remplis de sable ou autre matière,
isolante, pour empêcher que l’élévation
de la chaleur ne détruise les papiers et
litres enfermés.
Enfin, dernier problème à résoudre,
avec l’éparpillement actuel de la richesse
mobilière, comme il n’est presque pas de
famille qui ne possède chez soi une partie
de son avoir en titres au porteur, il fallait
créer toute une série de caisses ayant
l’apparence de meubles ordinaires, et
oftrantcepcndant à leurs possesseurs toute
sécurité. Ces meubles sont, au point de
vue de l’art, une des curiosités de l’Expo-
silion.
Quelques-uns consistent simplement
en dos meubles en bois renfermant à l'in-
térieur une caisse dissimulée. Telle est la
belle armoire en bois de rose, rehaussée
de bronzes dorés qu’a envoyée M. Banche,
de Reims. Cette gracieuse et coquette
armoire en contient une autre, de pareille
forme, en fer, qui, en dehors, épouse
tous les contours de l’enveloppe exté-
rieure.
Un joli cabinet à deux corps, en bois
sculpté, exposé par la même maison, est
construit dans le même esprit et d’après
les mêmes principes; mais il est d’autres
meubles où l’enveloppe extérieure, loule
en fer, esl simplement dissimulée à l’aide
d’une peinture, et celte peinture, repré-
sentant le plus souvent des bois mar-
quetés, esl parfois si parfaite que, à con-
sidérer même de très près les parois,
l’illusion est absolue. Dans ce genre,
M. Eichet expose des chiffonniers en
palissandre et en marqueterie d’ivoire cl
d’ébène qui sont absolument extraordi-
naires.
Enfin, ilconvientde mentionner encore
un certain nombre de grandes aripoires
tout en acier, avec pilastres, corniches,
frises, denticules et ornements rapportés
(pii constituent les chefs-d’œuvre du
genre. C’est chez M. Lhermilte et chez
M. Ficliet ([lie se rencontrent les plus
remarquables de ces meubles, dans la
confection desquels on a épuisé toutes les
complications de la serrurerie moderne.
Serrures à clefs microscopiques mettant
en mouvement une mullitude de pênes
énormes, combinaisons de lettres et de
signes secrets impossibles à pénétrer,
cachettes dissimulées avec un art excep-
tionnel, sonneries, avertisseurs, rien n’y
manque.
Enfin, ajoutons encore qu’au point de
vue de la construction artistique et de sa
situation, l’armoire en acier de M. Ficliet
est un ouvrage fort remarquable. Ce
célèbre fabricant, au surplus, n’a fait
que se conformer aux traditions de ses
confrères les serruriers décorateurs qui
se montrent des artistes de premier
ordre.
Je connais peu d’ouvrages anciens, en
effet, qui soient beaucoup plus beaux que
les rampes de balcons cl d’escaliers que
M. Moreau a exécutées sur les dessins de
M. Daumet, l’éminent architecte.. Ces
rampes et leurs départs, en 1er forgé et
cuivre relevé, englobant dans do gracieux
rinceaux des O et H entrelacés; mêlés de
fleurs de lis’el de couronnes, sont du plus
beau travail et du plus grand effet.
On ne peut guère leur comparer comme
beaux ouvrages exécutés en notre temps
que le départ de rampe en acier poli et
bronze doré que M. Denière exposait déjà
en 1878 et. qu’il nous montre encore celte
année. Chez M. Moreau, nous remar-
quons également de beaux chandeliers
suspendus, représentant des monstres,
aigles, serpents et chimères, un peulourds
peut-être, mais qui dénotent un art abso-
lument maître de tous scs moyens.
L’exposition voisine, de M. Roy, nous
montre une balustrade Louis XIV en fer
noirci et en cuivre poli, ainsi qu’une
grille d’entrée d’un travail remarquable
et d’un heureux modèle ; et chez M. Ber-
nard nous notons un départ de rampe eu
fer forgé et noirci et une grille de balcon
en fer poli et cuivre doré qui méritent
aussi une mention spéciale.
Enfin, pour terminer, il nous faut citer
les chenets, lustres, landiers en fer forgé
et en tôle relevée qu’expose M. Augoyat
et auxquels on ne peut reprocher que de
marquer un peu trop de réminiscence de
modèles anciens. Une cheminée compli-
quée et d’un joli dessin en tôle relevée,
exécutée par ce même industriel; des
marteaux de porte, serrures à palâlres
ornés en cuivre et fer ciselés, découpés,
repercés, etc., envoyés par la maison
Fontaine, et enfin des pommes d’esca-
liers, boutons, poignées, crémones, ex-
posés par M. Simon et par M. Rouillard,
complètent dignement l’Exposition du
Champ de Mars.
Tous ces ouvrages, d’une bonne fac-
ture et d’un dessin heureux, font honneur
à noire serrurerie d’ameublement. Il ne
faut pas y chercher des chefs-d’œuvre
comme ceux exécutés jadis par Domenico
Cucci pour les Tuileries et pour Versailles.
Il faut y voir simplement de bons travaux
courants, infiniment supérieurs comme
fabrication et comme goût à ceux qu’on
faisait il y a vingt ans à peine, et beaucoup
plus soignés que tout ce que l’on fait en
dehors de chez nous.
Henry Havard.
LES FETES DE L’EXPOSITION *
L’affluence était aussi considérable vers l’a-
venue du Bois de-Boulogue et les Champs-Ely-
sées : une quadruple rangée de curieux attend
fiévreusement le retour des troupes et de
M. Carnot, qui arrive à cinq heures, et ne cesse
d’ètre acclamé chaleureusement pendant tout le
parcours du Bois au palais de l’Elysée. Vien-
nent ensuite les généraux avec leurs officiers
d’ordonnance, les régiments de l’armée active
et'dé l’armée territoriale, et chacun d’eux a sa
part d’acclamations.
Enfin, vers sept heures, Paris est rentré dans
Paris, quitte à retourner, le soir, au Bois de
Boulogne, pour aller contempler les illumina-
tions.
Parmi toutes les décorations, en effet, les
plus belles, sans contredit, et les plus brillantes
étaient l’immense avenue allant do la place
de la Concorde au lac du Bois de Boulogne, et
celle partant du cours de Vincennes pour se
terminer au plateau de Gravelle, en traversant
le bois.
Le ciel s’était éclairci; mais les illuminations
se sont inévitablement ressenties des ondées de
la journée. On avait fait le projet de relier, à
travers Paris, par une suite ininterrompue de
lustres et de cordons lumineux, le Bois do
Boulogne au Bois de Vincennes; l’effet n’a pas
répondu à l’attente. Les verres de couleurs,
placés dès la veille, ont médiocrement brillé !
L’aspect de la place de la Concorde et des
Champs-Elysées, en revanche, était splendide,
grâce aux globes blancs éclairés au gaz et aux
ballons rouges suspendus aux arbres. Comme
les années précédentes, les monuments publics
étaient ceints de leurs multiples rampes de
gaz. La Sorbonne avait inauguré l’illumination
de ses nouveaux bâtiments.
Il faut renoncer à donner meme une idée
approximative des milliers et des milliers de
promeneurs qui inondaient les places, les rues,
les quais et toutes les voies qui conduisent au
Bois et à l’Exposition; on ne marchait pas, sur
la place de la Concorde, on était porté.
Jamais on ne déploya une profusion de lam-
pions et de lanternes pareille à celle du Bois de
Boulogne ; les feux de Bengale et les illumina-
tions multicolores, dans le feuillage, le trans-
formaient en un décor de féerie. Des orchestres,
installés dans des gondoles, se faisaient enten-
dre. Un feu d’artifice était ensuite tiré sur le
lac même; une des pièces les plus curieuses
était une cascade lumineuse tombant dans le
lac, auprès du pont qui relie les îles.
Cette fête vénitienne a été un triomphe pour
ses organisateurs, et, de même que tous les
verres de couleui's ont brillé jusqu’au bout,
aucune pièce du feu d’artifice n’a raté.
Le Bois de Vincennes avait été transformé en
véritable Olympe. Des lampions ponctuaient les
bords du lac et les rives des deux îlots. Les
rampes des ponts étaient dentelées d’arabesques
lumineuses et surmontées de kiosques aux ca-
pricieux. dessins. Des girandoles dans tous les
arbres, des arcs de triomphe étincelants, une
simili Tour Eiffel aux mille feux colorés. Des
guirlandes entrecoupées de lustres courent
sur les frises du temple grec de File de Bercy;
la coupole est revêtue d’une cuirasse étoilée.
J)es feux de Bengale éclairaient la grotte. Sur
le terre-plein, on tire un beau feu d’artifice, dont
les pièces principales représentent la Liberté
1. Voir les n"‘ 69 à Tl.