ForsideBøgerL'exposition De Paris 188…quatrième volumes réunis

L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis

År: 1889

Forlag: A La Librarie Illustree

Sted: Paris

Sider: 324

UDK: St.f. 061.4(100)Paris

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268 L’EXPOSITION DE PAKIS LA MUSIQUE A L’EXPÜSITION Lorsque, appelée dans un concert ou dans une soirée, MmB Sarah Bernhardt doit dire une poésie, elle choisit souvent ce délicieux morceau de la Légende des siècles, qu’on appelle la chanson d’E- viradnus; de sa voix mélodieuse, elle donne d’abord le litre : « un peu de musique », et c’est déjà comme un doux prélude à la chanson que sa voix d’or va rythmer... Il semble que les organisateurs de l’Exposition Universelle se soient rappelé cette circonstance : eux aussi, ils ont dit, en'ouvrant le palais du Champ de Mars, non seulement « un peu » mais « beaucoup » de musique, j'allais écrire a trop » de musique. De la musique, on en fait partout : de la musique sérieuse au Trocadéro ; au Champ de Mars et à l'Esplanade des Invalides, delà musique gaie, dans des costumes et avec des instruments pittoresques. C’est de celle-ci que je veux seulement dire quelques mots. Voici d’abord les Serbes. Ils portent la casaque de drap bleu ouverte sur une chemise blanche, le long pantalon blanc. Le costume est somptueux. Les musiciens se groupent avec art, et sur des instruments à cordes pincées, de toute dimension. Les Serbes. Le tambourinaire. Avec la musique russe, nous revenons dans le monde slave. Les femmes ont la jupe rouge bordée d’un galon d'or, le tablier à broderies rouges et bleues, la petite veste cchancrée très bas, la che- mise russe, blanche, brodée aux poignets ; au cou, un collier de pierres multicolores; sur la tête, un diadème rouge ou blanc, avec broderies d’or. Les hommes ont la chemise russe, rouge, la veste sans manches en velours noir, la loque à bordure de ve- lours rouge foncé et à fond de satin rouge; la plu- part sont chaussés da hautes bottes. Ils jouent les suaves mélodies de Glinka et de Tschaikowsky, les ouvrages français aussi, Carmen surtout. Et, de leur concert, s’échappe comme un souvenir du steppe, tendre et rêveur. Les Lautars roumains sont plus nouveaux pour nous que los Tziganes de la Hongrie, que, depuis dix ans, on a vus partout. Comme les Tziganes, ce sont des bohémiens, mais des bohémiens propres à la Roumanie. Le prince Bibnsco, ce grand sei- gneur aimable qui fut l’intelligent initiateur de l’Exposilion roumaine, nous expliquait ce nom de Lautar que portent tous ces groupes de musiciens. Lautar était le nom du chef d’une bande bohé- mienne, qui s’était rendue célèbre dans toute la Roumanie par ses chants et sa musique. Les grands seigneurs, quand ils donnaient une fêle, l’appe- laient à leur palais. L’un d'eux, un jour, recevait Liszt : il fit venir Lautar, qui émerveilla le grand compositeur hongrois. Liszt fut tellement enthou- siasmé qu’après avoir bu à la santé do Lautar et avoir rempli, selon l’usage, le verre où il avait bu de pièces d’or, il se mit au piano et improvisa une de ses plus belles compositions. Laular écou- tait, sous le charme... Tout à coup il fit signe à ses compagnons, qui, prenant leurs instruments et suivant des yeux leur chef, se mirent à répéter l’œuvre improvisée par Liszt... L’anecdote est jo- lie : elle donne une idée de l’instinct musical de ces bohémiens. Leur musique n’a pas l’entrain, la verve de celle des Tziganes de la Hongrie : elle est peüt-être plus voluptueuse... C’est un plaisir de les voir, avec leurs vpstons courts, blancs et soutachés de noir sur le dos, de rouge sur les manches, avec le pan- talon blanc à raies noires, le gilet soutaehé de rouge, la ceinture rouge aussi ; ils ont le teint basané, les yeux noirs, les moustaches fournies, peu noininés tambouras, ils jouent une musique lente et mélancolique. Ils chantent aussi en s’accompa- gnant sur leur tamboura. De tamboura à tambourinaire, la transition sem- ble indiquée. Ce n’est pourtant pas la même chose. Qui ne se souvient de Valmajour, l’immortel tam- bourinaire si joliment décrit par Alphonse Daudet? « Vraiment il avait belle mine, sa veste de cadis jaune sur l'épaule, autour des reins sa taillole d’un rouge vif tranchant sur l’empois blanc du linge. Il tenait son long et léger tambourin pendu au bras gauche par une courroie, et de la main du même bras portait à ses lèvres un petit fifre pen- dant que de sa main droite il tambourinait, l'air crâne, la jambe en avant. Tout petit, ce fifre rem- plissait l’espaco comme un branle de cigales bien fait pour cette atmosphère limpide, crislalline, où tout vibre, tandis que le tambourin, de sa voix profonde, soutenait le chant et ses fioritures. » Alors joués peut-être avec trop de solennité (le tambou- rinaire est aujourd’hui un homme arrivé : on dirait un élève du Conservatoire), alors défilent la chan- son de Magali, le Réuèi dei Tambaurinnire, la Fa- randoulo dei Tarascaire, etc., et quand les petites notes aiguës des galoubets s’égrènent, soutenues par les sons des tambourins, tantôt caressés par la baguette à bout d’ivoire, tantôt frappés à coups redoublés, on se rappelle encore le fameux mot de Valmajour : « Ce m’est venu de nuit en écoutant chanter le rossignol. »