ForsideBøgerL'exposition De Paris 188…quatrième volumes réunis

L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis

År: 1889

Forlag: A La Librarie Illustree

Sted: Paris

Sider: 324

UDK: St.f. 061.4(100)Paris

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L’EXPOSITION DE PARIS 271 Un groupe de manifestants, juché sur la ter- rasse du Musée du Louvre, agite sans relâche chapeaux, mouchoirs et ombrelles. Sur la place de la Concorde, d’habiles indus- triels louent au public des places sur des bancs,,, des échelles, des tréteaux, des tonneaux et des charrettes. Une mer humaine a envahi la ter- rasse des Tuileries et les grilles sont tapissées de curieux. Chaque bec de gaz porte une grappe de gavroches. (A suivre.) LE PANORAMA DE LA COMPAGNIE TRANSATLANTIQUE Chacun de ces pavillons représente une lettre, une réunion de quatre d’entre eux constituera donc quatre lettres. On en conçoit que la réunion par 4 de 18 lettres différentes peut donner lieu à une série presque infinie do combi- naisons. Un livre, que chaque navire possède, renferme en trois langues toute une série de combinaisons, avec un sens attaché à chacune d’elles. Ainsi quatre pavillons représentant les lettres K J II V pourront signifier (je n’ai pas le dictionnaire sous les yeux) : « Le navire de- mande à être remorqué, sa machine a des ava- ries. » On est surpris, en parcourant ce livre, de voir la multitude des questions et des réponses prévues. Signalons encore, à côté de lacasc aux pavil- lons, les règlements et services d’ordres, en cas d’incendie, dans le cas où le navire doit être abandonné, etc. Chaque homme a son poste assigné, rien n’est laissé à l’imprévu. On con- çoit que ce doit en être ainsi quand il s’agit d’assurer le sauvetage en pleine mer d’une population de douze à quinze cents âmes. De- vant nous, presque à nos pieds, se présente l’avant du navire. Il fait beau, heureusement, et rien ne nous échappe, mais pat' un leger temps de brume il nous serait impossible de voir jusqu’au bossoir avant, qui se trouve a près de 75 mètres de nous. La Touraine, plus grand encore que ses frères ou sœurs, les der- niers paquebots construits par la Compagnie transatlantique pour le service du Havre à New- York, présente une longueur de 164 mètres de l’étrave à l’étambot, et si cette longueur n’a pas été dépassée, c’est qu’il eût été impossible d’évoluer dans le port trop étroit du Havre avec des dimensions plus considérables. En avant de nous, sur le pont, près de l’esca- lier de la coupée, on aperçoit un groupe dont les figures se dessinent très nettement. M. Eu- gène Péreire, le sympathique président de la Compagnie Transatlantique, reçoit do M. Day- mard, l’ingénieur en chef, le navire qui nous porte : la Touraine. Autour de lui sont groupées des figures de connaissance : M. Cloquemin, le vice-président de la Compagnie et les adminis- trateurs, puis MM. Berger, Alphand, les orga- nisateurs de notre merveilleuse Exposition; Nénot, l’architecte du Panorama, qui s’est fait un nom, quoique jeune encore, par la construc- tion de la nouvelle Sorbonne, etc., etc. Si ce Panorama est merveilleusement réussi, c’est grâce évidemment à l’intelligente association de MM. Nénot et Poilpot : l’architecte et le peintre chargés de mener cette œuvre à bien. Plus près du spectateur, un groupe attire l’attention, c’est une jeune femme, en proie déjà aux premières atteintes <lu mal de mer et que le commissaire du bord, reconnaissable à ses deux galons d’argent, essaie de réconforter par de bonnes paroles. Le commissaire et le médecin jouent auprès des passagers un rôle important à bord, ce sont les âeux seuls officiers avec lesquels ils ont en effet des rap- ports incessants et nécessaires. Le commissaire est chargé de toute l’intendance du bord, d’as- surer la nourriture de l’équipage et des passa- gers, et ce n’est pas une sinécure quand il s’agit d’un navire tel que la Touraine qui compte près de trois cents hommes inscrits sur les rôles : officiers de pont, officiers mécaniciens, gabiers, timoniers, chauffeurs, soutiers, plus le per- sonnel destiné à assurer le service des passa- gers : cuisiniers, maîtres d’hôtel, valets de chambre, et enfin le personnel féminin assez nombreux des femmes de chambre. Quant aux passagers, leur nombre est Le Panorama delà Compagnie générale Trans- atlantique est un des clous de l’Exposition. Il est peu de visiteurs, en effet, qui n’aient voulu pénétrer dans son enceinte, et les grands jours de l’Exposition, on voit une queue intermi- nable aux abords du pavillon. Ce succès se comprend, étant donné l’engouement, la pas- sion même que l’on éprouve pour tout ce qui touche à la marine. Bien que le peuple français, pris dans son ensemble, ne puisse être consi- déré comme un peuple marin, on ne peut lui contester son goût très vif pour les choses de la mer. Quelques détails sur le panorama en lui- même et sur lesdioramas qui l’accompagnent et le complètent. Aussitôt entré dans le bâtiment, le visiteur peut se croire à bord d’un des na- vires de la grande Compagnie : l’escalier qui conduit à la plate-forme, avec ses marches en bois des îles, les garnitures de cuivre des rampes, les lampes avec leurs suspensions à la Cardan qui leur permettent de garder une posi- tion verticale, quel que soit le tangage ou le roulis, les couloirs étroits, éclairés par un hu- blot au verre épais pour résister aux caresses quelquefois trop vives des paquets de mer, tout est réuni pour donner l’illusion; il ne manque que le balancement et le bruit régulier de la puissante machine, pour ne pas oublier un instant que l’on vogue vers New-York. Mais nous sommes arrivés au sommet de l’escalier, à l’obscurité voulue a succédé une vive lumière, et il faut quelques minutes pour se reconnaître. Nous sommes sur le pont du navire et tout autour de nous, les inscriptions gravées sur la roue du timonier, sur les cein- tures de sauvetage, indiquent que le navire qui nous porte est la Touraine. Au-dessus de nous, sur la passerelle supé- rieure, un timonier tient la roue du gouvernail, l’œil fixé sur l’habitacle, le compas, suivant l’expression du métier; 1 officier de quart, un premier lieutenant qui est à côté de lui, lui a indiqué sur quel degré du cadran il doit main- tenir l’aiguille de la boussole. : au moindre écart observé, il donne un tour de roue à droite ou à gauche, à tribord ou à bâbord, et sans le moindre effort, grâce à une machine à vapeur actionnée par cette roue, il fait osciller le gou- vernail et évoluer la formidable masse. Sur cette passerelle sont rangés, dans des cases séparées, une série de pavillons aux cou- leurs et aux dessins divers ; ce sont eux que nous voyons couvrir les cordages des navires pavoisés. Mais ce n’est pas dans un but déco- ratif qu’ils sont avant tout à bord ; grâce à eux, et par suite d’une combinaison adoptée par toutes les nations maritimes, un navire peut causer avec un autre navire, de n’importe quelle autre nation, et à une distance de quelques milles. variable, mais il atteint toujours un chiffre élevé : 1,000 à 1,200. Quant au médecin, dans les traversées du Havre à New-York, son rôle consiste surtout à soigner des maladies légères occasionnées par l’inévitable roulis, mais sur d’autres lignes il est loin d’être aussi anodin, et sur celles des Antilles, le service médical a trop souvent été surchargé, au retour, par les malheureux rapa- triés de l’isthme de Panama. Si nous quittons un instant le pont, pour jeter les yeux sur le magnifique panorama qui se déroule sous nos yeux, nous apercevons, à notre droite, la ville du Havre avec sa jetée, si fré- quentée des étrangers qui viennent passer quel- ques heures dans notre grand port commercial de la Manche. La jetée est bondée de monde et ce n’est pas là une fantaisie de l’éminent artiste. C’estune fête au Havre, en eilet, à chaque départ du transatlantique. Les vieux marins retraités ne manquentjamais, le samedi, de seréunir pour saluer le magnifique navire qui porte si fière- ment nos couleurs. Parmi les vieux, il en est quelques-uns, laudatores temporis acti, qui regrettent le temps de la navigation à voile. C’était alors le beau temps de la navigation, des brillantes manœuvres de voilure pour uti- liser le vent si faible ou si fort qu’il fût; puis il faut le dire, les vrais matelots sont un peu jaloux du personnel de la machine, qui joue désormais un rôle gi important à bord ; mais, malgré ces regrets, désormais inutiles, ils n’en sont pas moins fiers et reconnaissants à la Com- pagnie Transatlantique, qui lutte si courageuse- ment et si heureusement contre les compagnies anglaises et allemandes. Pour soutenir cette lutte de chaque jour, la Compagnie, en effet, a multiplié ses efforts et nous pouvons nous en rendre compte en voyant groupée autour de la Touraine, une partie de la flotte transatlantique. Quel que soit le mérite de M. Poilpot, il n’a pu, en. effet, réunir sur sa toile les 72 navires qui constituent cette flotte. Les plus importants cependant sont repré- sentés. Ce sont tout d’abord les cinq grands steamers qui font le service de New-York : la Champagne, la Bourgogne, la Bretagne, la Gas- cogne et la Normandie. Réunis à la Touraine, leurs machines représentent 57,000 chevaux- vapeur ! Puis, un peu plus loin, les anciens bateaux qui faisaient autrefois la grande ligne (c’est ainsi qu’on désigne la ligne llavre-New-York), et qui, ayant dû céder leurs places aux nouveaux venus mieux armés pour la lutte, desservent maintenant les ports des Antilles : la France, la Ville-de-Paris, le Saint-Laurent, le Labrador. Enfin VEugène-Péreire avec les bateaux da service méditerranéen, qui, au nombre de trente, assurent nos communications rapides entre la côte française et la côte algérienne. En 1888, la jauge totale des navires trans- atlantiques- était de 150,053 tonnes, et leur force de 141,950 chevaux. Ils avaient par- couru 1,632 voyages, d’un parcours total de 775,108 lieues marines. Après le panorama, 11 dioramas nous initient encore à la vie du bord, ou nous montrent les ports les plus importants desservis par les paquebots. C’est la salle à manger de la Champagne, qui peint sur le vif un dîner pendant la traversée. Les femmes sont en toilette, quelques-unes décolletées, les hommes en habit; l’étiquette règne à bord, un peu trop même pour ceux qui aiment leurs aises.