L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
tion inferieure par la pression atmosphérique,
au moment où s’effectue le déclanchement.
Le condenseur est placé à l’arrière du cylindre
à vapeur, et sur le même plan horizontal. Il est
muni d’un robinet spécial, avec cadran indica-
teur, qui permet de proportionner exactement
la quantité d’eau d’injection au poids de vapeur
consommé dans le cylindre, en se basant, pour
cela, sur les indications d’un baromètre et d’un
thermomètre, qui donnent constamment la
pression dans le condenseur et la température
de l’eau d’évacuation. Des tubulures sont mé-
nagées à la partie inférieure, pour le remplissage
et la vidange du condenseur.
Machines a soupapes. — On voit fonctionner
dans la grande Galerie des Machines, une très
belle machine à vapeur à soupapes, envoyée par
les inventeurs MM. Sulzer frères, de Zurich.
Celle machine, complètement inspirée de la ma-
chine Corliss, pour la forme extérieure, a pour
distribution de vapeur des soupapes à manchon.
Le système de distribution de vapeur com-
porte quatre soupapes, deux en haut pour l’ad-
mission, deux en bas pour l’échappement. Ces
soupapes sont appuyées sur leurs sièges par des
ressorts énergiques. Du côté de l’admission, la
fermeture s’opère brusquement. Le choc est
évité au moyen d’un piston à coussin d’air. Un
arbre, parallèle à l’axe du cylindre, sert à la
commande des distributeurs;il prend son mou-
vement sur l’arbre de la machine, au moyen de
deux roues d’angle, d’égal diamètre.
Sans donner d’autres détails qui exigeraient
des dessins particuliers, nous mettons sous les
yeux (fig. 3) une des machines Sulzer que l’on
voit à l’Exposition.
(A suivre.') Louis Figuier.
LES FÊTES DE L’EXPOSITION1
Le fauteuil de M. Carnot est rouge cramoisi
et or; au-dessus de la table se trouve un trophée
avec l’effigie de la République, entouré de dra-
peaux tricolores, sur lequel un écusson porte ces
mots : Pax, Labor.
Derrière la table officielle est aménagé un
salon de cinq mètres de diamètre, réservé au
Président de la République. Ce salon est tendu
de tapisseries rouges frangées d’or. Au milieu,
une pelouse entourée de fleurs.
Un immense vélum recouvre le dessus de la
nef, où sont suspendues des oriflammes multico-
lores.
Deux autres tables, à droite et à gauche de la
nef centrale, sont réservées aux départements
de la lettre P à la lettre Y. Dans l’une d’elles a
été installée une cascade d’un très pittoresque
effet; l’eau jaillit d’un rocher dans un bassin
qu’entoure une verte pelouse.
Les tables sont placées parallèlement à celle
du chef de l’Etat; au-dessus de chacune d’elles,
se dressent des étiquettes portant le nom de
chaque département. Douze lustres,genre roman,
portant chacun 58 lampes à arc électrique, et
8 lustres de moindre dimension, portant chacun
5 autres lampes, éclairent la nef centrale; en
outre, des myriades de lumières jaillissent des
torchères placées à l’extrémité de chaque table.
A sept heures un quart, M. Carnot apparaît à
la table d’honneur. Aussitôt tous les assistants
se lèvent et une immense acclamation sort de
toutes les bouches : « Vive Carnot ! Vive la Répu-
blique ! » Trois fois cette ovation colossale, inou-
1. Voir los n09 69 à 75.
bliable, se renouvelle avec la même unanimité.
L’aspect de la table est féeriqqe; l’émotion pro-
duite sur les assistants, indescriptible. On sent
que toute la France, personnifiée par ces quinze
mille représentants des communes les plus éloi-
gnées, salue dans la chef de l’État la plus pure
incarnation de l’idée républicaine.
Le Président, visiblement touché, salue et
s’assied; à sa droite se place M. Chautemps; à
sa gauche, M. Poubelle, préfet de la Seine.
M. Le Royer, tous les ministres, un grand nombre
de généraux et de hauts fonctionnaires de la
Ville et de l’Exposition complètent la table
d’honneur.
Le service commence aussitôt et le tour de
force qui consiste à servir, au même instant, le
même dîner à 19,000 personnes est accompli
de la façon la plus merveilleuse. Jamais repas
aussi considérable par le nombre des convives
n’avait eu lieu dans aucune ville du monde.
Ce banquet « Eiffel » n’aura pas été l’un des
moindresprodigesdecelte année 1889, siféconde
en manifestations industrielles incomparables
La maison Polel et Chabot a ainsi participé
glo.ieusement, dans une industrie délicate, à
l’Exposition Universelle.
Le menu, distribué à tous les convives, était
renfermé dansune élégante couverture de papier-
parchemin, cousue de fil d’or. Au menu était
joint un remarquable portrait héliographique
de M. Carnot, par Pierre Petit.
A huit heures et demie, le dessert était servi
et le champagne remplissait les verres. Un trom-
pette de la garde républicaine vient auprès de
la table d’honneur, et, servant de « héraut »,
fait un appel bruyant avec son instrument. Les
conversations cessent, un silence solennel s’éta-
blit, les galeries du premier étage se remplissent
de curieux : c’est l’heure des toasts.
M. Chautemps envoie un souvenir aux maires
qui ont exprimé le regret de ne pouvoir entre-
prendre le voyage de Paris et constate que,
depuis le 14 juillet 1790, pareil spectacle ne
s’est vu, en aucun pays : la nation entière
assemblée en un même lieu, la nation heureuse
d’être libre, débordante de fraternité, pleine de
confiance dans ses destinées.
11 salue les maires des colonies françaises et
boit à la République ! à M. Carnot!
Après ce toast, accueilli avec empressement
par les convives, qui acclament le Président de
la République,. M. Carnot serre cordialement la
main à M. Chatilemps et choque gracieusement
son verre contre le sien, avant de prendre la
parole à son tour.
Le chef de l’État expose rapidement le but et
le caractère de celle fête, qui marquera plus
spécialement la solidarité nationale., )a force et
l’unité de notre chère patrie, et adresse à tous
les élus des communes françaises le salut cor-
dial de la France républicaine.
M. Carnot fait ensuite an brillant et rapide
tableau des merveilles de l’Exposition, que les
étrangers ont appelé « le plus grand monument
pacifique de l’Europe ».
« Écrivains, savants, industriels, ouvriers,
gymnastes, sociétés chorales, jeunesse des deux
mondes, qui accourent pour partager nos tra-
vaux ou pour mêler leurs bannières à nos trois
couleurs, laissent ici et emportent, j’en suis sûr,
des souvenirs et des sympathies qui sont un
germe fécond, semé parmi les peuples, d’amitiés
plus durables peut-être que des alliances et qui
ne portent en elles que des sentiments de con-
corde et de paix.
« Notre France, Messieurs, a tout à gagner
dans cette visite des peuples. Nos hôtes ont pu
constater aussi ce que dix-huit années de travail
et d’efforts, sous un régime de liberté, ont fait
d’un peuple durement éprouvé, qui a su tenir
compte de la mauvaise fortune et reprendre le
rang qui lui appartient dans le monde.
« La République, Messieurs, cent ans après
1789, la République est devenue la France même.
Elle est le couronnement nécessaire de notre
immortelle Révolution. Le double but qu’ont
poursuivi nos pères, la liberté politique et la
justice sociale, c’est la République qui nous per-
mettra de l’atteindre.
« Ce grand peuple de France saura obtenir
l’oubli des discordes passagères, des divisions
néfastes qui ont, à certaines heures, jeté dans
notre pays des germes de découragement et de
faiblesse. 11 saura former un faisceau de toutes
les forces républicaines el réconcilier tous les
fils de 89 au nom de la Patrie.
« C’est dans cette pensée et dans celte espé-
rance, mes chers concitoyens, représentants
dévoués des communes françaises, que je vous
propose de lever avec moi vos verres :
« A la République une el indivisible! à la
liberté ! à la grandeur de la France! »
Ces chaudes paroles soulèvent un enthou-
siasme indescriptible. Quinze mille verres se
lèvent au même instant et un cri unanime •
« Vive la République! Vive Carnot! » s’élève
immense, formidable, imposant. Puis, de tous
côtés, le cristal s’entrechoque, les mains se
pressent, les protestations de patriotisme et
d’union démocratique s’échangent.
Où trouver une reproduction plus fidèle et plus
sincère de la fête de la Fédération?
Les maires défilent successivement devant le
President de la République, et lui offrent des
fleurs, avec une inscription portant le nom de
chaque département.
Peu à peu, cependant, un calme relatif s’éta-
blit, et les convives se dispersent. M. Carnot se
retire quelques instants dans le salon qui lui a
été réservé; puis il remonte dans son landau
devant la porte du Cours-la-Reine, où une foule
énorme lui fait une nouvelle et très brillante
ovation, qui se prolonge jusqu’à l’Élysée.
Pendant ce temps, les invités se rendent au
Jardin de Paris, transformé en fumoir, tout
embrasé par des feux de Bengale et illuminé a
giorno par des milliers de ballons multicolores.
L’orchestre joue la Marseillaise, qu’on applau-
dit, qu’on bisse et que l’on accompagne à pleine
voix.
Vers dixhfiures, lesmairessortent pargroupes
et se rendent à l’Esplanade, où les transportent,
des voitures spéciales. De là, par le chemin de
fer Decauville, mis gracieusement à leur dispo-
sition, ils vont admirer les fontaines lumineuses,
les illuminations du Trocadéro et du Dôme cen-
tral, et la Tour Eiffel, dont l’embrasement con-
tinu se prolonge exceptionnellement jusqu’à mi-
nuit. Les mandataires des communes de France
ont emporté un souvenir durable de cette journée
désormais historique.
VI
LE TRIOMPHE DE LA RÉPUBLIQUE
Le 11 septembre, vingt-deux mille invités
assistaient, dans la vaste nef du Palais de l’in-
dustrie, à l’audition de l’Ode triomphale en
l’honneur du Centenaire de 1789 : le Triomphe
de la République, de Mme Augusta Holmès, — une
musicienne irlandaise de race, dont l’œuvre,
poème el musique, représentait une somme de
travail colossal, étant donné surtout le peu de
temps que l’auteur avait mis à la composer.