L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION PE PARTS
h—
l’Europe, à fermer à celte dernière les l
porls du Nouveau-Monde jusqu’au jour
où, sortant de l’almosphëre quelque peu
factice où elle se meut, l’industrie des
États-Unis se sentira en mesure de lutter
avec avantage. Ce jour-la, le régime pro-
tectionniste aura vécu et ceux-la même
qui le préconisent le plus proclameront
plus haut que personne les avantages du
libre-échange.
Comme moyens d’action : négocier
des traités de réciprocité avec, tous les
pays américains; recevoir, franco de
droits, telles de leurs matières premières
dont les fabriques des États-Unis ont
besoin pouralimenterleur production, et,
en échange, exporter chez eux, franco de
droits, les articles manufacturés. Puis,
payer des subventions, ou passer des
contrats avec les lignes de vapeur poul-
ies services postaux, créer des banques
internationales, persuader aux peuples
voisins de ■visiter les États-Unis, envoyer
chez eux des hommes intelligents et
capables pour étudier leurs besoins.
Qu’un mouvement commercial qui se
chiffre par un total annuel de cinq mil-
liards à l’importation et à l'exportation
soit pour tenter un grand pays comme
les Étals-Unis, cela ne saurait faire doute,
mais les objections surgissent en foule.
En résumant celles du Brésil, nous ne
faisons que résumer celles formulées par
nombre d’autres États, moins puissants
peut-être, mais aussi clairvoyants. Si les
manufacturiers du Nord, disent les négo-
ciants de Rio-de-Janeiro, veulent vendre
leurs marchandises dans l’Amérique cen-
trale et méridionale, il faut qu’ils rédui-
sent leurs tarifs sur les laines importées,
sur le cuivre et les autres produits de ces
régions. Il y a quelque chose d’extraor-
dinairement ardent dans le tempérament
des négociants et des hommes d’Etat de
l’Amérique du Nord. Ils aspirent à une
influence prépondérante sur le vaste
commerce du Sud-Amérique et, pour
l’obtenir, ils se remuent beaucoup et
combinant force plans.
Mais, de façon ou d’autre, ils ne vont
pas au delà des offres pour vendre et des
objections pour acheter. Leur idée semble
être un échangedeproduils manufacturés,
au comptant. Ils vont même jusqu’à pro-
poser d’accorder des subventions aux
steamers pour exporter leurs marchan-
dises, pourvu qu’ils ne leur rapportent
rien au retour que des lingots.
11 est hors de doute que les négociants
et les manufacturiers américains pour-
raient accroître leur commerce avec les
contrées du sud, s’ils consentaient à tra-
fiquer à conditions égales; mais aussi
longtemps que les Etats-Unis refuseront
de prendre ce que ces contrées produi-
sent, elles iront naturellement acheter là
où elles peuvent vendre.
Voilà ce qui se dit là-bas, et il faudra
autre chose qu’un Congrès où l'on dis-
sertera et insistera longuement sur la
grandeur de la République Américaine
pour amener les récalcitrants à entrer
dans la voie qu’on leur ouvre. Les manu-
facturiers, les négociants et les délégués
de l’Amérique centrale et de l’Amérique
méridionale sont-ils prêts à accepter la
proposition Qui leur est faite d’user de
réciprocitépourle commerce, c’est-à-dire
libre entrée de la laine de la République
Argentine, du cuivre du Chili, du sucre
du Mexique, etc., en échange d’avantages
semblables pour les États-Unis? S’ils ne
sont pas d’accord sur ce point, le Congrès
n’aboutira à rien, et les délégués se de-
manderont à quoi bon s’imposer un tarif
dont le principal eilet serait de restreindre
un commerce qu’ils aspirent à étendre.
On a souvent <î perdre et rarement à
gagner à s’allier à plus puissant que soi.
Les dix-huit Étals de l’Amérique se dé-
fient instinctivement de ce dix-neuvième
qui compte, à lui seul, une population
presque double de la leur; ils croient peu
à ces empiétements des pouvoirs monar-
chiques de l’Europe, dont on s’efforce de
leur inspirer la crainte. Ils entretiennent
avec l’Europe un commerce bien autre-
ment aelif qu’avec les États-Unis, et ils
se demandent, avec quelque apparence
de raison, ce qu’ils gagneraient à modifier
un étal de choses avantageux. Que le
Congrès actuel aboutisse à l’unification
des poids et mesures, à rétablissement
de lignes de paquebots subventionnées, à
l’adoption de mesures d’arbitrage de na-
ture à prévenir les conllits, cela se peut,
et l’Europe elle-même n’auiaiI rien à y
reprendre; mais qu’il aboutisse à la for-
mation d’une ligne douanière, cela est
plus que douteux. Un semblable projet ne
saurait être menéàbien qu’àlacondilion,
pour les États-Unis, de modifier radicale-
ment leur régime économique.
Ils ne le sauraient. Les Étals-Unis,
rnalgré leurs tarifs quasi-prohibitifs, ne
sont pas encore en état de fournil’ aux
autres peuples de l’Amérique les articles
que ceux-ci demandent à l’Europe. Eux-
mêmes y ont recours. L aiinéo dernière,
en dépit des droits fabuleux qui frappent
les articles étrangers, le port de New-
York en a importé pour plus de deux
milliards de francs. Celte somme énorme
représente les besoins urgents de la ré-
publique du Nord.; elle prouve combien
peu les États-Unis sont d'ores et déj.î en
mesure (Iß remplacer 1 Europe comniß
pays exportateur.
Ils y visent cependant, et, si ce n’est
aujourd’hui, bientôt peut-être ils y par-
viendront. Leur persévérance a triomphé
d’autres obstacles, en apparence aussi
insurmontables. L’Europe est prévenue ;
à elle de se concilier ces États nouveaux
dont la grande Exposition de 1889 nous a
permis de constater les progrès rapides
et les infinies ressources. A nous de con-
server et d’accroître la sympathie qu’ils
nous témoignent, et, par une sage poli-
lique, de nous en faire des clients et des
amis.
D’une extrémité à l’autre do la grande
République, on promènera leurs délégués;
on leur fera admirer, comme ils méritent
de l’être, la prospérité et les rapides dé-
veloppements de ces régions fertiles ; mais
l’inconiparable éclat de noire Exposition
ne pâlira pas auprès de ce qu’ils verront.
En conviant le monde entier à dresser
avec elle, et chez elle, le bilan des ri-
chesses de l’univers, la France, 1 avenir
le prouvera, a fait œuvre sage, pacifique
el d’une haute politique.
C. de Varigny.
EN BALLON CAPTIF
Parmi les plus vives attractions que nous a
offertes l’Exposition de 1889, l’ascension en bal
Ion captif est certainement une des plus inté-
ressantes et peut rivaliser avantageusement
avec-celle de la Tour Eiffel.
C’est en 1867, lors de l’Exposition Universelle
de Paris, que fut construit, par M. Giffard, le
premier ballon captif à vapeur.
Ce premier essai réussit admirablement.
Ce ballon cubait 5,000 mètres et enlevait 12
ou 15 voyageurs à 250 mètres d’altitude.
En 1869, Henri* Giffard construisit à Londres
un nouveau ballon captif de 12,000 mètres cu-
bes; puis, en 1878, cet habile acronaute put
mettre dans la cour des Tuileries, à la disposi-
tion du public, son gigantesque aérostat de
25,000 mètres cubes, qui pouvait enlever 40 à
50 voyageurs à 500 mètres d’altitude.
L’Exposition de 1889 ne pouvait donc faire
moins que ses devancières, aussi avons-nous
eu cette année doux ballons captifs au lieu d’un.
Le premier, construit par MM. Gabriel Yon
et Louis Godard, est installé avenue Kléber,
près du Trocadéro. Le second, construit par
M. Lacliambre, se trouve boulevard de Gre-
nelle, à proximité de l’École militaire.
C’est ce dernier que nous avons choisi pour
exécuter notre ascension, le panorama de
l’Exposition se présentant à nos yeux d’une fa-
çon beaucoup plus pittoresque que de l’avenue
Kléber.
Nous avons été reçu avec beaucoup de cour-
toisie par M. Lacliambre, qui nous a fait lui-
même les honneurs de son ballon.
Son aérostat cube2,600mètres, son diamètre
est de 17 mètres, le ballonnet compensateur a
un volume de 200 mètres cubes, et le câble, de
30 millimètres, aune longueur de 400 mètres.
L’aérostat gonflé d’hydrogène pur enlève 8 ou
10 voyageurs, suivant la force du vent. Le tr eu il
mobile actionné par deux cylindres accouplés
a une puissance capable de ramener le ballon