L'exposition De Paris 1889
Troisième & quatrième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
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à sa disposition par l’empereur, avait fini par
réaliser, en 1860, un premier spécimen qui fonc-
tionnaà la Jonchère, près deBougival, pendant
plusieurs mois. Quand la guerre éclata, M. Gi-
rard avait obtenu la concession d’une ligne de
Paris à Argenteuil; malheureusement, l’inven-
teur, homme d’une grande valeur, fut tué pen-
dant l’armistice par une balleprussienne, égarée
sans doute, à l’âge de quarante-huit ans. Dix-
huit ans se sont passés sans qu’on reprît l’idée
de M. Girard.
M. Barre, qui avait été son collaborateur, son
confident et son ami, a repris l’œuvre commen-
cée et, grâce au concours financier de quelques
amis, il a pu en donner l’essai que nous trou-
vons à l’Esplanade des Invalides.
Voiei, résumés en quelques lignes par noire
très compétent confrère Henri de Parville, d’a-
près la brochure si concluante de M. Barre, les
principes du chemin de fer glissant. Plus de
roues, naturellement; les wagons reposent di-
rectement sur les rails très larges par six pa-
tins, trois de chaque côté de la voiture. Ces
patins sont rectangulaires, un peu creux sur la
face en contact avec les rails, et. portent des
stries prononcées, presque des rainures. En leur
milieu débouche de chaque voiture un petit
tuyau qui permet à de l’eau, sous pression, de
pénétrer sous le patin. Si cette eau, emmaga-
sinée dans le wagon de tête du train, est lancée
sous les patins, elle les soulève de quelques mil-
limètres avant de s’échapper, gênée qu’elle est
par les rainures, de telle sorte que le wagon
est légèrement soulevé lui-même et flotte en
quelque sorte sur ce petit coussin liquide. Le
frottement est presque réduit à celui du patin
sur une mince couche d’eau. Aussi, du bout du
doigt, peut-on faire progresser la voiture. L’eau,
sous pression, débitée constamment sous les
patins, permet donc le glissement d’un train
avec une dépense extrêmement réduite de force
de traction. Quant à cette eau, elle est emma-
gasinée dans un tender et soumise à l’action
de l'air comprimé, qui, à l’aide d’un régulateur
spécial, lui donne la pression nécessaire au sou-
lèvement des patins.
Sur le chemin de fer glissant, tout est hydrau-
lique; il n’y a pas de locomotive. La propulsion
est obtenue aussi par l’eau. De place en place,
au milieu de la voie, sont installés des ajutages
en relation avec une conduite d’eau. Ces aju-
tages peuvent s’ouvrir et lancer un jet d’eau
puissant et horizontal qui vient frapper une
série de palettes, une sorte de crémaillère
à palettes installées longitudinalement sous
chaque voiture.
Le mécanicien du train, par un mécanisme
simple, ouvre à distance des robinets; la pre-
mière voiture reçoit l'impulsion du jet qui, en
agissant sur les aubes, la pousse en avant. Les
Palettes de la deuxième voiture reçoivent à leur
tour le jet qui la chasse aussi en avant, etc. ; en
sorte que tout le train obéit à cette poussée
hydraulique. Les ajutages se referment d’eux-
mêmes après le passage des voitures. Il existe
e‘i réalité deux ajutages, un pour la marche
en avant, un second pour la marche en sens
inverse; on se sert de l’un ou de l’autre suivant
que l’on veut parcourir la voie en montant ou
en descendant. Uneconduitemaîtresse, installée
sur la voie, dessert tous les ajutages.
A 1 Esplanade, le petit train d'essai est formé
d’une voiture de manœuvres et de quatre wa-
gons. Les avantages de ce système sont nom-
breux. On peut les énumérer comme il suit :
absence de trépidations et de mouvements de
acets, douceur de mouvement analogue à celui
d’un traîneau; plus de poussière ni de fumée ;
pas de bruit ; légèreté du matériel et des tra-
vaux d’art; absence de graissage, suppression
des frais d’entretien des roues et bandages, des
ressorts, des tampons, etc. ; économie de frais
de traction; enfin, possibilité de réaliser de
très grandes vitesses, que M. Girard ne crai-
gnait pas de porter à deux cents kilomètres à
l’heure.
L’application du système glissant paraît in-
diquée :
1“ Dans tous les pays, pour franchir, sans
arrêt, de grands parcours avec des vitesses de
cent cinquante à deux cents kilomètres à
l’heure;
2° Dans les pays de montagnes possédant des
chutes d’eau naturelles qui peuvent produire à
elles seules toute la propulsion, ou présentant
des rampes inaccessibles aux chemins de fer
ordinaires;
3° Dans toutes les installations de chemins
dits « à ficelle », où l’emploi des roues causes!
souvent des accidents épouvantables.
La propulsion hydraulique serait supprimée
et remplacée par la traction par câble : le glis-
sement seul serait employé et donnerait, ainsi
que nous l’avons dit, une sécurité complète,
absolue.
En cas de rupture du câble, il suffirait de
fermer l’injection de l'eau sous les patins pour
s’arrêter avec la sécurité la plus absolue sur
toutes les pentes, jusqu’à quatre cent cinquante
millimètres par mètre.
4° Dans le transport de masses d’un poids
considérable et indivisible.
Dans ce cas, une traction mécanique par pi-
gnons et crémaillères est encore substituée à la
propulsion hydraulique; le glissement seul est
conservé. Les ressorts de répartition de charge
sont remplacés par des cylindres hydrauliques
par lesquels les tiges de patins jouent le rôle de
pistons plongeurs. Ces cylindres qui supportent
le châssis sont divisés en quatre groupes dis-
tincts par les deux grands axes de ce dernier,
et chacun des quatre groupes est complètement
isolé des trois autres. Tous les cylindres d’un
même groupe communiquent entre eux par
une tuyauterie spéciale, de façon que, quels que
soient le nombre des files de rails employés et
le nombre des patins, l’ensemble du système se
trouve ramené à un châssis théorique reposant
par quatre grands patins sur deux files de rails
seulement, et la charge est toujours mathéma-
tiquement répartie entre tous les patins, quel
que soit le désaffleurementdes rails et leurs dé-
vers possibles les uns par rapport aux autres.
L’entretien d’une pareille voie ne nécessite-
rait donc aucun soin spécial, puisque les di-
verses files do rails n’ont pas besoin d’être
maintenues dans le même plan horizontal : elles
peuvent se désaffleurer les unes par rapport
aux autres et se déverser. C’est un avantage
capilalquinepeut s'obtenir avec des roues etqui
constitue à lui seul la solution pratique, indus-
trielle, du transport des masses d’un poids con-
sidérable et indivisible, telles que canons de
gros calibres sous tourelles blindées pour la
défense mobile des côtes ou des forteresses et
navires de toutes dimensions.
En ce qui concerne le transport des canons
sous tourelles blindées, l’emploi des patins glis-
sants présente encore un autre avantage pré-
cieux pour l'artillerie : pendant les arrêts, l’eau
de glissement étant supprimée, l’ensemble du
système fait pour ainsi dire corps avec le sol et
le plan de, tir devient immuable.
Quant au transport des gros navires de toutes
dimensions, on peut l’effectuer tout aussi bien
sur des docks pleins d’eau, car le glissement ne
produisant aucune espèce de trépidation, les
œuvres vives d’un bateau ne souffriront pas plus
sur des docks secs convenablement aménagés
que pendant leur flottaison.
5° Dans les chemins de fer métropolitains
souterrains.
Là, en effet, tous les appareils se trouvent
d'eux-mêmes soustraits à l’action de la gelée,
et le chemin de fer glissant à propulsion hy-
draulique, en outre des économies considéra-
bles qu’il présente dans son exploitation, offrira
encore 1 avantagée! un démarrage très prompt,
d’une vitesse très grande malgré les petits par-
cours, d’un arrêt très rapide, et ne produira en
outre ni trépidation, ni bruit, ni fumée.
6° Dans les chemins de fer métropolitains
aériens.
La légèreté du matériel glissant n’exigera,
en effet, que des viaducs métalliques deux ou
trois fois plus légers que ceux qui sont néces-
saires aux chemins de fer roulants. Les colon-
nes servant de point d’appui seront disposées
en réservoirs accumulateurs de pression, et
tous les organes de propulsion seront cofTrés,
ce qui évitera l’action de la gelée, si l’on ne veut
pas employer le mélange de glycérine.
La facilité qu’on a de tourner dans les cour-
bes de tous rayons et de gravir toutes les ram-
pes permettra de suivre les grandes artères en
ne faisant que pou ou pas d’expropriations.
L’absence de bruit et de fumée sera ici d’une
importance capitale pour les riverains.
On aura, en effet, la facilité de faire, sans au-
cun risque d’accident, de petits trains ne con-
tenant pas plus de cent voyageurs chacun, et
se suivant les uns derrière les autres à une ou
deux minutes d’intervalle.
7° Le chemin de fer glissant à propulsion hy-
draulique semble enfin tout indiqué pour la so-
lution de certains problèmes industriels, tels
que la traversée de la Manche sous tunnel. Dans
ce cas, le tunnel pourrait être à voie unique,
ce qui ferait réaliser une économie considérable
de premier établissement.
Un truc très bas, monté sur patins glissants,
recevrait les véhicules roulants, à l’exception
de la locomotive et de son tender, bien entendu.
Ces véhicules partant d’une côte, de la côte
française, par exemple, seraient bouclés sur le
truc au moyen d’organes spéciaux qui ren-
draient le tout solidaire. Quatorze minutes
après le départ, ils seraient rendus sur la côte
anglaise, où une locomotive les reprendrait. On
pourrait avoir ainsi, avec C6tt6 voiø unique
glissante, un train partant toutes les demi-
heures de chacune des côtes.
Mais ce qui serait mieux encore pour les
deux pays serait de prolonger cette voie glis-
sante de chaque côté pour réunir Londres et
Paris, en permettant de franchir en deux heures
la distance qui sépare ces deux villes.
L’EXPOSITION HIPPIQUE
Et bien installés, je vous assure : l’homme a
eu de tout temps le culte du cheval; il sent
évidemment que c’cst là sa plus noble conquête,
et ce culte, de nos jours, est poussé à un point
tel qu’on a pu se demander avec quelque raison
si c’était l’homme qui avait été fait pour le
cheval, ou le cheval qui avait été créé pour
l’homme.